« Elle gardait tout et avait la fièvre acheteuse. Dans la cuisine, les placards étaient pleins, le sol était encombré de boîtes de conserve, de bouteilles d’eau pleines ou vides, des Tupperware pleins ou vides, il n’y avait qu’un petit passage pour circuler. Les chaises étaient jonchées de vêtements et il n’y avait pas la possibilité de s’assoir. L’enfant avait par exemple 15 paires de gants pour l’hiver, les mêmes mais de tailles différentes. » Technicienne de l’intervention sociale et familiale (TISF) à l’association Alys – association de services aux personnes à domicile pour les familles, personnes âgées, personnes handicapées et soins médicaux – depuis 2002, Brigitte Signoret est intervenue à la demande d’une assistante sociale, durant deux ans, auprès d’une mère de famille atteinte du syndrome de Diogène. « Mes missions consistaient à l’aider à désencombrer son appartement, à préparer des repas et à la soutenir dans ses activités auprès de son enfant. Cette maman d’une trentaine d’années était divorcée, travaillait dans un bureau, avait un niveau social correct et était “propre sur elle”. Son enfant était suivi car il avait des difficultés psychologiques et scolaires. Elle avait conscience de son besoin d’être aidée. Durant son enfance, son père conservait également tout et elle pensait avoir reproduit la même chose. » Brigitte Signoret juge cependant que, dans ce cas de figure, l’accompagnement de 134 heures sur deux ans, au rythme de deux heures tous les 15 jours, a été insuffisant. « Il faut un suivi sur du longue terme avec le syndrome de Diogène. La situation ne va pas se régler sur un an ou deux ans. Il me fallait faire très attention, ne pas aller trop vite car le but n’était pas qu’elle me ferme la porte. Faire le tri avec l’acceptation de la personne, négocier pour jeter le surplus du surplus. C’était un travail de longue haleine pour lui faire comprendre par exemple qu’elle n’avait pas besoin de 15 paires de ciseaux. Cette femme avait un suivi psychologique et j’aurais apprécié que le psychologue nous donne des indications pour agir. Je suis également intervenue plus tard pour des visites médiatisées auprès d’une maman souffrant du syndrome de Diogène dont l’enfant avait été placé compte tenu de la situation de l’habitat. Cette personne avait fait l’objet d’un désencombrement forcé de son appartement car l’entreprise de nettoyage avait jeté des objets dont elle avait besoin. Ce fut très perturbant pour elle. »
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« Un travail de longue haleine »
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