Le projet de loi « grand âge et autonomie » , prévu pour la fin de l’année commence à prendre forme. Ces dernières semaines, divers groupes de travail ont été lancés. Après la mission pour améliorer « la place et l’image » des personnes âgées dans la société confiée à la députée LREM Audrey Dufeu Schubert, c’est l’ancienne ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui a pris la tête d’un autre groupe de travail. Officialisée le 3 juillet, sa mission porte sur l’attractivité des métiers du grand âge, alors même que 830 000 personnes travaillent actuellement auprès des personnes âgées en perte d’autonomie. Or, en raison de l’évolution démographique, ce nombre devrait augmenter d’environ 20 % d’ici 2030. Il y a donc urgence. Ce dont Agnès Buzyn semble être consciente : « Il y a urgence à faire une loi, une réforme pour la prise en charge de nos aînés. Et l’urgence concerne plus particulièrement les personnels », a confirmé la ministre des Solidarités et de la Santé.
Agnès Buzyn indique que l’ancienne ministre doit lui faire « des propositions concrètes qui vont permettre de renouveler les métiers du grand âge, de proposer de nouvelles organisations, une nouvelle gouvernance et surtout un mode de formation renouvelé pour être adapté aux enjeux de demain ». Car les chiffres souffrent parfois de paradoxes : le vieillissement de la population ne s’accompagne pas d’un engouement pour les métiers du grand âge. La tendance est bien au contraire à la perte de vitesse, à la désaffection. Les structures, à domicile comme en établissement, peinent à recruter et à fidéliser leur personnel.
Ainsi, entre 2012 et 2017, il a été constaté une diminution de 25 % du nombre de candidatures aux concours d’entrée des instituts de formation des aides-soignants. C’est pourquoi Agnès Buzyn entend aller vite et demander à ce que Myriam El Khomri lui présente « un plan de mobilisation nationale en faveur des métiers du grand âge » le 15 octobre prochain. « Ma mission consiste à proposer une marche à suivre pour que les bonnes idées, les bonnes intuitions deviennent une réalité dans le long terme », indique Myriam El Khomri. Elle assure vouloir travailler de manière collective, autour d’une équipe resserrée d’une dizaine de personnes, représentatives de tous le secteur (associations, professionnels, institutions…). « Cette mission ne se fera pas sans les expériences vécues ; donc toutes les bonnes volontés sont les bienvenues », insiste-t-elle.
A peine officialisée, cette mission a déjà fait réagir. Elle a notamment été accueillie « positivement » par le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées. Celui-ci salue notamment « la mise en place de parcours entre les établissements et les services d’aide à domicile ainsi que l’intégration de nouvelles compétences dans les formations initiales et continues ». L’Association des directeurs aux services des personnes âgées a de son côté souligné qu’il est « indispensable de travailler à la revalorisation des carrières et des salaires des professionnels ». Mais face à l’urgence, l’association rappelle « la nécessité de créer à très court terme deux nouveaux postes dans chaque établissement et service à domicile ». Et ce avant même l’adoption de la réforme.
• Faire évoluer les métiers et les compétences pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées, notamment la revalorisation du métier d’aide-soignante exerçant en Ehpad.
• Permettre aux employeurs de recruter plus facilement le personnel dont ils ont besoin pour un travail de meilleure qualité auprès des personnes âgées.
• Développer la qualité de vie au travail des professionnels du grand âge, particulièrement dans les structures du service à domicile et dans les établissements « nouvelle génération » qui vont se développer.
• Permettre au personnel d’envisager une carrière professionnelle en passant, par exemple, d’un Ehpad à du soin à domicile.