Les pères ne sont plus ce qu’ils étaient. Mais quelles sont la place et la fonction de ceux d’aujourd’hui ? Sont-ils appelés à devenir des papas poules, des éducateurs bienveillants ou des nouveaux patriarches, comme le voudraient certains ? Vont-ils tout simplement disparaître si, grâce à la procréation médicalement assistée, les femmes peuvent faire des bébés toutes seules ou si le phénomène de « maternalisation » de la société, apparu au siècle précédent, continue ? Plutôt que de crier « haro sur les pères », le dernier numéro d’Enfances &Psy a décidé d’en faire l’éloge. Une bonne idée, tant les hommes sont désormais présents dans les salles d’accouchement et dans l’éducation des enfants, jusqu’à en réclamer la garde partagée en cas de séparation, ce qui était rare il y a vingt ans. Mais les temps changent, et les lois aussi. Depuis la loi de 2002, la coparentalité prévaut et toute différenciation entre les parents est supprimée, divorcés ou pas. Dans la réalité, c’est encore majoritairement chez la mère que l’enfant réside, surtout s’il est jeune. Une recherche sur le rôle des pères quand ils viennent en consultation psychologique pour leur enfant montre aussi que leur apport permet aux cliniciens d’avoir une meilleure compréhension des dynamiques familiales, des fonctionnements psychiques de chacun. Une des particularités majeures : ils ont moins tendance à prendre la parole que les mères et, quand ils le font, ils vont à l’essentiel. Leurs propos, leurs contenus, leurs émotions sont plus concentrés. Or certains pères seraient, parfois, exclus des démarches thérapeutiques concernant leur rejeton sous prétexte qu’ils ne présenteraient pas les qualités requises pour faire de l’introspection. Un dossier pertinent et complet qui incite aussi à réfléchir sur la fonction paternelle pour un enfant d’un couple homosexuel, l’effacement du nom patronymique, la place du père à l’adolescence, le père géniteur, le beau-père, l’autorité paternelle…
« Eloge des pères » – dossier de la revue « Enfances & Psy » n° 81 – Ed. érès, 18 €.