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Les difficultés à qualifier le racisme

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Les 24 et 25 juin, l’Institut national d’études démographiques organisait le colloque « Qualifier le racisme ». L’occasion de souligner les obstacles au signalement des discriminations, et le besoin des professionnels de prendre à bras-le-corps ces questions.

Nour, éducatrice spécialisée de 40 ans et arabe, assure faire en sorte de régler le plus de choses possibles avec les familles par mail ou téléphone avant la première rencontre physique. Et ce, afin de « sécuriser sa pratique professionnelle en évitant que l’attitude de ses interlocuteurs ne change radicalement au moment du face-à-face », relaie Damien Trawale, du laboratoire de recherches de l’Urmis, qui l’a reçue en entretien. Camille, auxiliaire puéricultrice, inscrit systématiquement dans ses dossiers administratifs son patronyme de jeune fille « à consonance majoritaire » au lieu de son actuel nom de famille. Autant de « stratégies de contournement » qui n’ont qu’un objectif : « composer avec le racisme ».

Les discriminations racistes sont difficiles à quantifier, mais aussi à qualifier. Pour les minorités, le quotidien est pétri d’un « doute qui subsiste toujours, de ruminations spéculatives. Nombre de personnes ne s’opposent pas aux situations par manque de preuves », décrit Damien Trawale. Signaler ou porter plainte est donc loin d’être évident. Parmi les quatre catégories de motifs d’actes racistes recensés dans une typologie datée de 2002, on trouve les « représailles » contre un fait réel ou supposé, « par exemple à partir de rumeurs », relève Abdellali Hajjat, maître de conférences en sciences politiques à Paris-Ouest Nanterre, en évoquant la récente vague de violences contre les Roms en Seine-Saint-Denis.

La formation des professionnels

Pour les professionnels du médico-social, les formations abordent davantage les questions de laïcité plutôt que de racisme. Lila Belkacem, maîtresse de conférences en sociologie à Paris-Est Créteil, a assisté à des séances de la formation « Valeurs de la République et laïcité ». « Ces formations font émerger des discours racistes, principalement à l’égard des musulmans… En même temps, ce sont des lieux de prise en charge de ce racisme, de socialisation du droit », fait-elle valoir. Si certains professionnels pensent être dans leur plein droit en soutenant l’interdiction du port du voile dans leurs structures privées, la formation leur permet de « prendre conscience de l’illégalité de leur positionnement ». Séverine Chauvel, maîtresse de conférences en sociologie dans la même université, assure que ces temps de réflexivité « les aident » en « cristallisant des échanges de pratiques professionnelles ».

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