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L’importance de la RSE en établissement

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Les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) apparaissent comme une opportunité, voire un levier, en termes de performance, d’attractivité, d’image mais aussi d’implantation territoriale pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Mais, si elles sont nécessaires, elles sont complexes à mettre en place. Ce qui empêche leur généralisation.

En deux siècles, la population mondiale est passée de 1 milliard d’habitants à 7 milliards. Il y a encore un siècle, la Terre n’était peuplée que de 2 milliards d’humains. En 1950, nous étions 3 milliards. Aujourd’hui, nous sommes 7,5 milliards. Et, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies publié le 17 juin, en 2050, nous devrions être 9,7 milliards d’habitants. D’où l’importance de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ce que confirme Olivier Toma, fondateur de Primum Non Nocere, une agence experte en stratégie RSE : « A partir du moment où l’on prend en compte ces données, sans être un écolo militant, on comprend qu’il faut changer d’attitude, avoir des consommations et des points de vue différents. » Exactement ce à quoi correspond la RSE. En effet, selon la définition la plus commune, celle-ci regroupe l’ensemble des pratiques mises en place par les entreprises dans le but de respecter les principes du développement durable, c’est-à-dire être économiquement viables, avoir un impact positif sur la société mais aussi mieux respecter l’environnement.

L’Union européenne a aussi publié, dans le but de proposer un cadre pour les entreprises souhaitant s’investir dans le développement durable, en 2001, un Livre vert de la RSE. Elle y donnait alors la définition suivante : « Etre socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes. » Et force est de constater sur le terrain que la RSE est de plus en plus présente dans le secteur médico-social. Dès lors, comment, en pratique, les établissements et services pour personnes âgées peuvent-ils s’emparer de cette démarche dont les effets profitent aussi bien aux résidents qu’aux équipes qui les accompagnent au quotidien ? Quelle impulsion les directeurs peuvent-ils donner ? Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre les intervenants du 34e congrès national de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa) qui a eu lieu les 20 et 21 juin à Perpignan.

Un secteur naturellement sensible à la RSE

Pour Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa, en réalité, les Ehpad font, par essence, de la RSE. « Nous agissons pour protéger nos aînés et influer positivement sur leur bien-être. Nous leur permettons un accès à une santé durable, à des soins et à un accompagnement social efficient. C’est l’ADN de notre secteur, estime-t-il. Au fond, ces actions-là sont de la RSE. Elles relèvent du développement durable, de la vie citoyenne et de la cohésion de nos structures. Ce qui s’inscrit, encore une fois, pleinement dans la RSE. » Selon une enquête nationale de l’université Lyon I, en 2014, 41 % des dirigeants d’Ehpad et de services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) étaient engagés dans une stratégie RSE. Le secteur est donc naturellement sensible à cette démarche, notamment à son aspect social, qui est au cœur de son métier.

Plus généralement, la démarche RSE est donc un tout, un ensemble multidimensionnel dont les effets profitent aussi bien aux personnes âgées qu’aux équipes qui les accompagnent au quotidien. Pour Hugues Carlier, directeur associé de l’entreprise « Des enjeux et des hommes » et expert en RSE, la première étape, « la plus importante », dans la mise en place d’une telle stratégie, est « d’avoir l’adhésion de tous » : « Il faut une approche globale, transverse. Ce n’est pas seulement un responsable RSE qui doit gérer la démarche. Sans cela, elle risque de rester un élément marginal de la stratégie globale de l’entreprise et donc échouer. » Une fois cette première étape effectuée, il s’agit de mettre en place un diagnostic. « Si celui-ci n’est pas établi, l’établissement risque de partir dans tous les sens, se disperser et trop diversifier ses moyens qui ne sont pourtant pas illimités », avertit Hugues Carlier.

Gestion des déchets et optimisation de la qualité de l’air intérieur

Une fois ce diagnostic posé, une fois les manques repérés et les besoins chiffrés, l’établissement peut travailler à sa stratégie et définir ses enjeux prioritaires. Il faut qu’il mettre en place une véritable feuille de route, un plan d’actions à la fois environnemental, sociétal et économique. Et Olivier Toma de redonner quelques statistiques pour bien comprendre les enjeux sous-jacents pour un Ehpad. « Dix millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année en France, soit 16 milliards d’euros. De même, on parle beaucoup du gaspillage alimentaire mais beaucoup moins du gaspillage médicamenteux. Or, 17 000 tonnes de médicaments sont gaspillées chaque année par des particuliers en France. » Et l’expert d’ajouter : « Soit nous allons subir ce que nous allons vivre dans la décennie qui arrive, soit nous en sommes les acteurs, les leaders et les rêveurs. »

Et de donner un exemple de ce qu’il est possible de faire pour un établissement dans sa démarche RSE : chercher à optimiser la qualité de l’air intérieur. « Nous n’en avons pas conscience mais l’atmosphère d’une salle de conférence est sept fois plus polluée que l’air extérieur. Optimiser la qualité de l’air intérieur dans les structures médico-sociales est donc nécessaire, certifie-t-il. Ce n’est pas très compliqué et cela rapport énormément à l’Etat et à la sécurité sociale. En effet, le coût des maladies liées à la qualité de l’air intérieur est de 20 milliards d’euros par an en France (arrêts maladie, maladies chroniques…). C’est donc un vrai chantier pour les établissements médico-sociaux. » Jean-Pierre Riso donne un autre exemple de ce qui se fait déjà sur le terrain : la gestion des déchets de la maison de retraite protestante de Montpellier. « Dans cet établissement, ils ont supprimé les emballages individuels pour favoriser les produits faits maison élaborés sur place par les cuisiniers, s’enthousiasme le président de la Fnadepa. En plus, ils ont remplacé les bouteilles en plastique par les carafes d’eau. Enfin, des distributeurs de serviettes ont été installés dans chaque salle à manger permettant de supprimer la disposition automatique sur les tables. » Autant de petites actions simples qui, mises bout à bout, ont des impacts environnementaux, sanitaires et économiques immenses.

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