La prise en charge des personnes âgées, dont les besoins de soins sont élevés, nécessite souvent l’intervention d’une multitude d’acteurs des secteurs sanitaire, social et médico-social. Pour renforcer la qualité et l’efficience du système de santé, il est donc nécessaire d’améliorer la prise en charge, la qualité de vie et de prévenir la perte d’autonomie des personnes âgées. C’est dans cette optique qu’a été lancée, en 2014, dans neuf territoires pilotes, la démarche Paerpa (parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie). Ce dispositif vise à expérimenter un processus de réorganisation des parcours de soins prenant comme point de départ les besoins des personnes âgées et non plus les institutions ou les pathologies. Alors que ces expérimentations ont été étendues à neuf territoires supplémentaires en 2016 et que leur date limite est fixée au 31 décembre 2019, le 2e congrès francophone « parcours de santé, de soins, des aînés » qui s’est tenu à Paris, le 12 juin, a été l’occasion d’en faire un bilan.
Pour Dominique Libault, président du Haut Conseil au financement de la protection sociale, à l’origine de cette expérimentation, celle-ci doit désormais s’inscrire dans ce qu’il appelle « un parcours de droit commun ». En effet, « nous nous apercevons de la nécessité absolue de cette stratégie. Il faut assurer la continuité de la prise en charge afin d’éviter des ruptures, notamment lors d’une hospitalisation. Je suis convaincu de la totale pertinence de cette approche. » Le « père » du Paerpa souligne encore que ce dispositif permet « de travailler sur l’accès aux soins, de revaloriser le travail entre les professionnels, et de travailler sur l’économie globale du système de santé en évitant des prises en charge inadéquates ».
« Cette expérimentation a permis de valider un certain nombre de concepts, a-t-il affirmé, satisfait. C’est le cas par exemple du concept de coordination territoriale d’appui, à savoir l’idée selon laquelle il faut un appui aux parcours complexes. » Et de lister aussi le concept de la « coordination clinique de proximité » ainsi que « le décloisonnement hôpital/ville et hôpital/Ehpad » ou encore « les plans personnalisés de santé ». Sophie Martinon, directrice de l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap), qui accompagne la mise en place du Paerpa depuis le début, met en avant, pour sa part, un chiffre marquant qui valide, selon elle, encore un peu plus la réussite de cette démarche : « Dans les 18 territoires Paerpa, on dénombre 550 000 personnes âgées qui peuvent potentiellement bénéficier d’une prise en charge spécifique. Ce qui représente 12 % de la population de ces territoires. Un pourcentage loin d’être négligeable. »
Pour autant tout n’est pas encore totalement au point. « Les résultats sont très inégaux selon les territoires. Il faut l’admettre et essayer de comprendre pourquoi », nuance ainsi Dominique Libault. Et la directrice de l’Anap d’aller dans son sens avec un exemple concret : « Sur la coordination territoriale d’appui, on dénombre actuellement près de 20 000 sollicitations par trimestre, mais quatre territoires représentent 50 % de ces sollicitations. Cela dépend donc énormément des logiques et des dynamiques créées sur chacun des territoires ».
Si ce programme, dont le budget global est de 20 millions d’euros, commence à produire de véritables effets sur les organisations comme sur les pratiques professionnelles, Sophie Martinon, directrice de l’Anap, confesse que « cela a pris énormément de temps ». « Avant de travailler ensemble, il faut d’abord se connaître, avoir confiance l’un envers l’autre, gérer le passé et le passif d’un territoire tout en travaillant à partir de l’existant. Mais cette dimension temporelle est importante car c’est ce qui permet ensuite d’avoir des dynamiques plus fortes et de construire quelque chose de solide. On a souvent envie d’avoir des résultats immédiats mais il faut accepter ce temps d’investissement initial nécessaire. »