Faire reconnaître la qualité des soins dispensés par l’établissement, permettre de valoriser l’approche bien-traitante de la structure et le travail effectué par les professionnels, mobiliser les équipes pour redonner du sens à leur travail, afficher ses valeurs aux yeux de tous… Autant de raisons qui ont poussé l’hôpital gériatrique Les Magnolias, à Ballainvilliers (Essonne), à entamer les démarches pour obtenir le label « Humanitude ». Plus précisément, depuis 2004, l’établissement est engagé dans la formation « Humanitude » et dans la labellisation depuis janvier 2016. Alors que les experts d’Asshumevie sont venus évaluer la structure les 18,19 et 20 juin, Isabelle Agostino, directrice des soins, revient sur la difficulté de suivre une telle démarche. « La principale complexité est qu’il faut avoir l’adhésion de tous, professionnels, managers mais aussi familles de résidents. En effet, c’est une démarche qui vise à changer la culture et les pratiques dans la structure. Donc si ce n’est pas porté par tout le monde, cela n’aboutira pas. »
Concrètement, en janvier 2016, pendant quatre jours, des formateurs sont venus enseigner la philosophie de l’Humanitude à l’ensemble des professionnels des Magnolias. En se basant sur les cinq grands principes de la démarche, ils leurs ont appris des techniques de manutention relationnelle bien précises, des actes de soins et de toilettes les plus bien-traitants possibles ou encore comment parler aux résidents et comment les regarder sans être maltraitant. « Mais en seulement quatre jours, il est impossible d’apprendre toutes les techniques, c’est pourquoi on nous a demandé de désigner des référents chargés d’animer des ateliers de 10 minutes, au minimum deux fois par semaine, afin de réviser », renseigne Coralie Bourgeois, cadre de santé aux Magnolias. De même, tous les jours, au moment des soins ou des toilettes, les équipes s’auto-évaluent afin de voir si elles ont assimilé les principes.
« C’est un outil qui se pratique. Une fois que vous avez été formé, il faut vous astreindre à faire les choses comme il faut, confie Isabelle Agostino. Par exemple, tous les jours, il faut bien s’assurer de regarder les personnes âgées à hauteur, dans l’axe. De même, quel que soit le moment de la journée, quand on s’adresse à un résident il faut le faire en respectant les principes de l’“humanitude”. C’est donc un accompagnement du quotidien, qui prend d’autant plus de temps que les techniques enseignées diffèrent de celles qui le sont en formation continue. »
Si l’établissement n’est pas encore officiellement labellisé, les bienfaits de la démarche se font déjà sentir. « Les soignants n’ont plus l’impression d’être maltraitants, s’enthousiasme Coralie Bourgeois. Par exemple, sur une personne qui a des troubles comportementaux compulsifs, le fait d’avoir compris qu’il fallait regarder le résident de manière assez proche, lui parler doucement leur permet de faire des soins de toilette avec plus de facilité, avec moins de gestes défensifs. » Et d’ajouter : « Nous avons aussi noté que désormais 80 de nos résidents sont verticalisés plus de 20 minutes par jour alors qu’avant nous n’en avions que 60. Et ça, pour les professionnels c’est extrêmement important. Cela redonne du sens à leur travail. Ils sont plus épanouis. » C’est peut-être là l’essentiel…