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Santé mentale et logement : miser sur l’autonomie

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Comment promouvoir une vision capacitaire de l’accès au logement pour les personnes ayant des problématiques de santé mentale, du simple mal-être aux troubles psychiques diagnostiqués ? L’Orspere-Samdarra organisait, le 28 mai à Lyon, une journée d’études intitulée « Logement (d’abord ?), accompagnement social et santé mentale ». Repenser la relation à la personne accompagnée, gagner en écoute et croire en son autonomie guident les nouvelles pratiques professionnelles.

Jean-François Krzyzaniak a derrière lui, comme il le dit, « 19 ans de rue ». Il a cherché à en sortir, mais « pas toujours de mon plein gré. La rue est vraiment devenue une addiction. » Durant ces années, « la rencontre » avec les structures médico-sociales « n’a pas eu lieu ». Jusqu’au jour où, poussé par un « ras-le-bol suite à une hospitalisation qui se passe mal », le patient coupe les ponts, disparaît de la circulation. Seulement, un infirmier psychiatre de centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) « parvient à retrouver le squat où j’étais. Le samedi suivant, il ne travaillait pas, mais il est venu avec son beau-père pour me construire une installation électrique qui me permettait de rester dans mon squat. » Jean-François Krzyzaniak esquisse un sourire d’excuse : « Alors, j’ai vu autre chose que l’abruti qui me répétait d’aller voir un psychiatre… Je l’ai vu sortir de son statut. La rencontre s’est faite. »

Dans le public de la journée d’études Orsepre-Samdarra, une infirmière psychiatre en CMPP abonde quant à « l’importance de sortir de son rôle… On a souvent tendance à avoir le nez dans le guidon, à croire que l’on sait ce qui est bien pour la personne, et à ne pas assez écouter ». « Dans les formations, on apprend à être distant, or cela crée des tensions et marginalise la personne par rapport au médiateur », déplore Nicolas Ordener, travailleur pair en équipe mobile psychiatrie-précarité aux hôpitaux de Marseille. Il plaide pour une « posture empathique » en définissant le travail social comme « un travail par la situation, pour et avec la personne ; et non un travail sur la situation. Il s’agit de ne pas considérer le travailleur pair comme redresseur, mais de considérer la médiation comme une relation affective… » La pair-aidance peut-elle jouer ce rôle de réduction de la distance professionnelle, théoriquement de mise ? Jean-François Krzyzaniak refuse pour sa part de se définir comme pair aidant : « Si j’aide un pote en difficulté, c’est de la solidarité, c’est tout. J’ai trop peur que demain, on utilise la pair-aidance pour faire du sous-travail social. »

S’appuyer sur la Complémentarité

Trouver une complémentarité entre travailleurs sociaux et pairs-aidants peut pourtant s’avérer efficace. Dominique Calonne, président du collectif des SDF de Lille, en veut pour preuve la force de son groupe, créé par trois personnes ayant connu la rue. Leur credo : l’accès direct au logement pour les sans-abri. De 2011 à 2012, le travail a consisté en des maraudes avec distribution de kits hygiène « parce que dans les accueils de jour ce n’est pas top ». Puis, dès 2012, grâce au bouche-à-oreille, le collectif démarche des bailleurs dans le privé, recourt au Fonds de solidarité pour le logement, et commence à loger des personnes. « Depuis, on est à plus de 450 personnes relogées ! », clame-t-il. Des résultats qui tiennent à la construction de binômes entre travailleurs pairs et travailleurs sociaux. « Nous avons un poids important parce que nous pouvons employer des mots que les travailleurs sociaux n’utilisent pas… », s’amuse Dominique Calonne. « Ces derniers ne nous comprennent pas toujours : ils ont peur que l’on prenne leur place… Mais nous voulons juste être complémentaires, ne croyez pas que l’on veut prendre votre place ! De toute façon nous n’en avons pas les compétences », sourit-il en s’adressant à la salle comble.

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