« Violence, désinhibition, agressivité, troubles de l’opposition… Nous accompagnons des personnes qui avancent en âge et sont confrontées à des troubles neuro-dégénératifs, des troubles du comportement. Quand la violence est perçue par le prisme de la maladie, il y a moins de questionnements. Les professionnels sont formés pour mettre en œuvre une stratégie de soutien, un cadre identifié permettant de lever les freins et de faire avancer des projets de maintien à domicile. A côté de cela, il y a des usagers qui ont l’idée d’asservissement par rapport aux services à la personne ou qui émettent des jugements de valeur sur les professionnels. Lors de la première évaluation à domicile pour recueillir les besoins et les attentes, les responsables de secteur peuvent entendre des remarques inappropriées, telles que, par exemple, le refus d’une intervenante en raison de sa couleur de peau. Le contrat de prestation, le règlement de fonctionnement et le livret d’accueil sont des outils qui permettent de recadrer la relation.
La formation des professionnels est fondamentale pour repositionner la relation : « Non, je ne suis pas la femme de ménage, ni la bonne… » Les diplômes et les périodes de stages leur permettent d’affronter ces situations et d’être en capacité de réagir. Canaliser les violences liées à des troubles cognitifs, on sait le faire. Et en termes de compétences, ce n’est pas si différent d’être dans la réassurance de la personne accompagnée face au jeunisme, à la grossophobie, à la peur de l’autre. Ces peurs ne sont pas forcément légitimes, mais elles sont entendables. C’est notre rôle en tant que directeurs et responsables de structures de faire de la pédagogie, du management de la relation. Que les intervenants soient jeunes, âgés, de couleur, en surpoids, nos structures proposent aux personnes des professionnels qui ont les compétences nécessaires pour les accompagner dans l’avancée en âge, le handicap et pérenniser leur projet de maintien à domicile. Une fois que le lien s’opère, ces freins se lèvent rapidement et les jugements de valeur deviennent secondaires. La violence est partie prenante du travail de l’aide à domicile, il faut être en capacité de l’affronter, de la mettre à distance. Ce n’est pas un sujet tabou, le professionnel ne doit pas être seul face à cela. Lors des réunions d’équipe, les responsables de secteur abordent ce sujet régulièrement. »