Recevoir la newsletter

Reloger les réfugiés : la solution par la ruralité ?

Article réservé aux abonnés

Pour assurer la politique de relogement des réfugiés qui lui incombe, l’Etat se tourne de plus en plus vers les communes rurales. Le 22 mai, un atelier de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) a permis de soulever les défis posés par cet accueil.

Réaménagement de l’ancienne Poste par des bénévoles, potager, cours de français, fêtes de village… L’arrivée en octobre dernier de deux familles maliennes réfugiées à Chazemais, commune d’à peine plus de 500 habitants dans l’Allier, via un programme de réinstallation européen, a été pour le moins un événement. « Un élément fédérateur pour le village », assure son maire, Michel Tabutin. Pour les réfugiés, le logement est le premier pas vers l’insertion sociale et l’ancrage sur le territoire. Si cela reste la tâche de l’Etat, « rien ne peut se faire sans la volonté des élus et la mobilisation des collectivités locales », a avancé Sylvain Mathieu, délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement, en introduction de ce 68e atelier de la Dihal.

Les réfugiés se concentrent dans les grandes agglomérations. Or les territoires ruraux offrent des « potentialités locales » en termes d’habitat et d’emploi, estime Sylvain Mathieu. Mais Chazemais demeure une « exception », nuance Jean-Philippe Morel, directeur du pôle « réfugiés » de l’association Viltaïs. Sa structure est mandatée par l’Etat pour être opératrice du relogement. Entre Viltaïs, la mairie et les réfugiés, l’équilibre d’exigences bascule parfois dans des « conflits où cette relation tripartite explose ». Alain Régnier, délégué interministériel chargé de l’accueil et de l’intégration des réfugiés, constate que les villes moyennes opposent souvent un « fort blocage » à l’accueil. Dans les petites communes « sans services ni réelle mobilité », ce sont les projets de vie des réfugiés qui risquent de mal fonctionner.

La mobilité est le facteur déterminant d’un relogement réussi ou raté. L’enjeu concerne aussi les travailleurs sociaux, fait remarquer Antoine Philipps, directeur adjoint de la direction départementale de la cohésion sociale du Loir-et-Cher : « Les associations nous demandent de penser des regroupements pour que les personnes puissent voir leur travailleur social régulièrement. » Le problème des ruptures se pose aussi. En plus des réouvertures de droits à effectuer auprès de la caisse d’allocations familiales, un responsable de l’association Revenir interpelle : « Nombre de familles sont stressées parce que le relogement induit des ruptures dans le parcours scolaire de leurs enfants. » Brahim Afatach, chef de service dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, se souvient d’un lycéen qui souhaitait à tout prix attendre la fin de l’année scolaire pour bouger. « Nous étions dans un blocage total. Cela nous a amenés à une procédure contentieuse », admet-il.

Peut-on aller vers davantage d’écoute pour une meilleure adéquation entre le profil des réfugiés et les modalités de leur relogement ? Emilie Esclapez, cheffe de service de l’association Aidaphi, mène une expérimentation à Châteauroux, en Centre-Val de Loire. En travaillant avec GIP Habitat, opérateur de la plateforme nationale pour le logement des réfugiés, l’Aidaphi a mis en place un « sas » d’appartements tremplins, depuis lesquels les réfugiés prennent le temps de rouvrir leurs droits et de choisir leur futur logement. Madame Zacra, réfugiée syrienne arrivée avec ses trois filles à Cosne-d’Allier en janvier 2018, témoigne de la difficulté du logement imposé. « Toute ma vie j’ai vécu en ville. A la campagne, on a beaucoup pleuré au début. » La mère souhaite déménager à Clermont-Ferrand où elle trouvera une plus grande proximité de services pour ses filles, dont l’une est handicapée.

Une contractualisation à concrétiser

Alain Régnier, délégué interministériel chargé de l’accueil et de l’intégration des réfugiés, a constitué un réseau de maires solidaires : « Sur 700 élus contactés, 200 ont répondu favorablement. Je compte m’appuyer sur ce réseau après les municipales. » Surtout, une contractualisation est en cours avec dix métropoles (Bordeaux, Nancy, Toulouse, Strasbourg, Grenoble, Lyon, Nantes, Clermont-Ferrand, Grenoble, Dijon, Brest) ; et en projet avec « trois autres ». Celle-ci engage l’Etat à un soutien financier de « 300 000 € par an » destiné à l’accueil des réfugiés. La signature officielle est prévue « aux alentours du 20 juin ».

Focus

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur