Rénover les modes d’action des travailleurs sociaux en protection de l’enfance ? C’est le défi que s’est lancé le collectif de sociologues Métis à travers une recherche-action menée à côté de Lyon, d’une part à Saint-Fons, de l’autre à Vénissieux. Chaque groupe de travail était composé de 12 à 15 professionnels de l’action sociale et médico-sociale. Leur objectif : examiner des situations dites « impossibles » et construire des études de cas afin de comprendre pourquoi le discours des travailleurs sociaux est « de moins en moins entendu par les jeunes et les familles ». Il en ressort un livre original, facile à lire, dans lequel certaines situations sont présentées sous forme de bande dessinée. Ainsi deux professionnels sceptiques à propos du slogan « Zéro sans solution » prôné dans le rapport « Piveteau », et dont l’une répond à son collègue : « En tout cas… Zéro solution… On connaît bien ! » L’ouvrage aborde les parcours de vie comme celui de Sébastien, placé dans une famille d’accueil depuis qu’il est petit et dont le comportement est souvent agressif. Il y a aussi M. Terrier, 42 ans et cassé par l’armée, suivi par les services sociaux depuis dix ans et pour lequel les professionnels s’interrogent sur le sens d’un accompagnement qui pourrait ne pas avoir de fin, l’homme voulant un emploi stable et en aucun cas un CDD ou un emploi saisonnier. On y parle aussi de « respecter les choix… mais de qui ? », de la confiance entre le public et les travailleurs sociaux, qui s’instaure à petits pas. Parentalité, référent parcours, bonne distance, un éclairage sociologique est proposé à chaque étude de cas. Les chapitres sont ponctués de paroles de travailleurs sociaux, qui en ont marre de gérer « toute cette paperasse » ou l’agenda numérique, où il y a plein d’erreurs, ou évoquant encore la lassitude face à des situations compliquées ou à un public qui ne vient pas aux rendez-vous. Une réalité parfois drôle, parfois désespérante.
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« Zéro solution… On connaît bien ! »
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