La publication de trop pour l’Association nationale des directeurs et cadres d’ESAT. Après le rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées qui demande la « désinstitutionnalisation », le document d’une quinzaine de pages intitulé « Politique du handicap : pour une société inclusive », qu’a publié la Fondation pour l’innovation politique – un think tank qui se prétend « libéral, progressiste et européen » –, met de l’huile sur le feu. Il s’agit d’un texte écrit par Sophie Cluzel, le mois dernier, dans lequel la secrétaire d’État en charge des personnes handicapées présente en détail sa vision de l’inclusion.
Pour Andicat, c’est un désaveu de plus, et cela ne passe pas. Dans un communiqué, l’association accuse les pouvoirs publics de jouer un jeu dangereux dans le but exclusif de diminuer la dépense sociale, avec des risques de destruction de réponses et d’entraîner, par conséquent, la mise en grande difficulté des personnes handicapées et de leurs proches. Gérard Zribi, délégué national d’Andicat, ne cache pas son désaccord avec Sophie Cluzel : « La secrétaire d’État a une position très idéologique selon laquelle tout le monde doit vivre et travailler en milieu ordinaire, elle est en désaccord profond avec l’existence des structures spécialisées, alors que le dispositif français est l’un des plus étoffés et diversifiés d’Europe. » Et d’ajouter : « Depuis que l’on parle de personnes en situation de handicap, on n’en nie toutes les spécificités. L’inclusion en milieu ordinaire ne peut pas se faire pour tout le monde. Nous prenons en charge, dans les structures spécialisées, des personnes qui ont besoin d’un accompagnement constant du fait de leur état somatique et/ou psychologique. » Une critique qui rejoint celle des associations de parents autistes sur le plan 2018-2022 sur les TSA. Selon elles, tout a été pensé pour les plus autonomes (voir ASH n° 3109 du 3 mai dernier, page 6), en oubliant les plus dépendants.
Andicat demande à ce que le droit des personnes handicapées soit réellement exercé. Pour ce faire, l’association défend une pluralité des dispositifs permettant la coexistence des structures les plus spécifiques et des solutions les plus inclusives. « On n’oppose pas la vie, l’éducation, le travail en milieu ordinaire au quotidien des structures spécialisées. Plus il y aura une pluralité des solutions d’emploi, plus il y aura exercice des droits. Les ESAT participent ainsi au droit de travailler quand l’inclusion en milieu ordinaire n’est pas possible », conclut Gérard Zribi.