Nous souhaitons déjà que le Premier ministre parle de soutien à l’autonomie, et non de dépendance. Edouard Philippe a annoncé une loi de programmation, ce qui est intéressant car cela permet d’envisager des perspectives à moyenne échéance, des objectifs chiffrés. Mais le Premier ministre ne doit pas oublier qu’il a des mesures d’urgence à prendre. L’AD-PA, avec l’ensemble des organisations syndicales, y est très attentive. Il ne s’agit pas de se satisfaire de déclarations ou de déclarations d’intention à moyen terme. Mais quelques jours après, le Premier ministre a expliqué qu’il n’y aurait pas de cinquième risque, ni de cinquième branche, cela est décevant.
Nous étions dans une phase qui semblait aller dans un sens favorable. Les dernières déclarations étaient plutôt encourageantes. Le rapport de Dominique Libault a confirmé la nécessité d’entreprendre ce chantier rapidement. Au moment de la remise de ce rapport, la ministre des Solidarités et de la Santé a répété quatre à cinq fois dans son allocution qu’il y avait urgence. Le président de la République a, lui aussi, déclaré qu’il est nécessaire d’engager des mesures dans ce secteur. Que le Premier ministre écarte ensuite la possibilité d’un cinquième risque ou d’une cinquième branche, c’est inquiétant. Il est clair qu’il va falloir débloquer 10 milliards d’euros, donc si cela ne passe pas par une forme de solidarité nationale largement partagée, par un cinquième risque, par ce que certains appellent une cinquième branche – l’AD-PA préfère parler de « prestation autonomie » –, le financement va être assez compliqué. Nous espérons qu’Agnès Buzyn saura rappeler au Premier ministre l’importance de répondre aux grandes attentes du secteur, et que lui-même saura aussi le mesurer.
Il conviendra de préciser rapidement ce qu’il entend par « dispositif extrêmement puissant ». La situation qui a été dénoncée fin 2017 et début 2018 dans les Ehpad et les services d’aide à domicile montre que l’impatience est de plus en plus importante. Compte tenu de ce qui s’est passé dans le secteur, de la concertation nationale, du « grand débat national », il ne s’agirait pas pour l’Etat de renvoyer aux calendes grecques encore une fois la question de l’aide à l’autonomie. L’AD-PA comme l’ensemble des acteurs du secteur attendent enfin des réponses à la hauteur des besoins. L’Etat doit traiter cette question sérieusement.
Nous n’avons pas eu de retour d’Agnès Buzyn quant à une rencontre à venir. Mais nous avons su faire preuve de patience pour être reçus à l’Elysée [le 4 avril, NDLR] et nous avons bon espoir que la ministre saura répondre à cette sollicitation, d’autant qu’elle a annoncé l’ouverture d’un chantier sur les questions de filières et d’emplois. Nous sommes prêts à dialoguer avec l’Etat.
Le secteur a fait preuve d’une grande patience depuis quinze ans. Il a exprimé les attentes qui sont les siennes et souhaite désormais que les choses se mettent en place. Nous ne sommes pas de grands utopistes ou de grands rêveurs. Le temps de consultation, le temps de concertation, le temps des déclarations ont eu lieu, il faut maintenant le temps des mises en œuvre. Cela commence par des mesures dans le projet de financement de la sécurité sociale 2020 qui permettraient de répondre à l’urgence. Mais l’urgence est aussi sur 2019. Nous attendons des signes tangibles dès cette année, dans les mois à venir, montrant que l’Etat impulse un mouvement d’amélioration de la situation pour les professionnels, les personnes âgées à domicile et en établissement et leurs familles