L’association La Licorne s’est appuyée sur le guide de l’habitat inclusif pour mettre en place ce projet en 2018. J’ai été accueillant familial et mes convictions m’ont poussé à monter ce projet pour permettre à des personnes vulnérables d’avoir une vie davantage ancrée dans la cité. Il y a actuellement sept locataires en résidence principale, avec chacun un logement individuel. Ils retrouvent de l’autonomie, se sentent chez eux, en sécurité et sortis de leur isolement. Une famille gouvernante accompagne dans leurs tâches quotidiennes cinq locataires grâce à une mutualisation de la prestation de compensation du handicap. Nous sommes en train de faire une extension du bâtiment pour accueillir cinq autres personnes. Mais pour conserver une vie communautaire, un esprit « grande famille », il est important de ne pas aller au-delà de ce nombre.
Certains vivaient à domicile, seuls ou avec un proche aidant, d’autres étaient en institution. L’habitat inclusif peut proposer de l’hébergement d’urgence à un mandataire judiciaire ou un proche aidant qui se trouve dans une impasse avec la personne qu’il protège. Des associations qui ont un projet d’habitat inclusif nous ont envoyé certains de leurs résidents pour une immersion de quelques semaines afin de voir comment ils vont s’adapter à ce cadre de vie.
L’habitat partagé accueille une personne de 84 ans, un jeune handicapé de 23 ans, une personne de 40 ans… Cette mixité est une grande force. Si l’on veut que ces personnes âgées et handicapées vivent dans la cité, il faut éviter le microcosme que l’on peut retrouver dans une institution.
Sans projet de vie, l’habitat inclusif n’a aucun sens. Le moteur du projet, c’est l’occupationnel. On ne peut pas mettre des personnes vulnérables en habitat autonome sans occuper leur journée. Ce serait une aberration de mélanger des personnes âgées et des adultes handicapés, dans des logements individuels et avec une pièce commune, sans accompagner les temps communs. L’habitat inclusif n’est pas un bouche-trou, c’est une solution alternative à l’institution, à l’isolement à domicile. Il y a une vie en groupe auquel les personnes doivent adhérer. Nous avons été contraints d’exclure de l’association deux locataires. Ces personnes ont des problèmes psychologiques ou psychiatriques, sont en souffrance, et n’ont pas la capacité de vivre en groupe. Cela risquait de déséquilibrer l’habitat inclusif et de créer du désordre. Ils ne sont pas exclus de leur logement puisqu’ils ont un bail, mais pour eux l’habitat inclusif perd son sens puisqu’ils retournent dans l’isolement.
Aucun. L’immobilier repose sur de l’autofinancement, l’accompagnement des locataires est effectué par des bénévoles de l’association et l’accompagnement médico-social par des intervenants en emploi direct à travers l’APA et la PCH. Nous avons fait les démarches de financements mais les textes d’application de la loi « Elan » n’avaient pas encore été publiés. Notre projet est précurseur et nous devons désormais attendre.
La maison familiale La Licorne a reçu le label « Tous concernés, tous mobilisés » de la Conférence nationale du handicap.