Les soins infirmiers des détenus sont effectués par l’unité de consultation et de soins ambulatoires (UCSA) de la prison de Mulhouse. Le Ssiad intervient pour la toilette, les soins de nursing. Nous avons eu le cas d’un détenu qui s’était cassé les deux bras en tentant d’échapper à la police lors de son arrestation. Le Ssiad est intervenu également auprès de détenus âgés effectuant de très longues peines. Dans ce cas, l’intervention se fait sur plusieurs années. Quand le détenu dispose d’un plan d’aide APA, le Saad d’Apamad intervient aussi pour le ménage de la cellule, l’aide au repas. La prison de Mulhouse était une prison dans laquelle les détenus restaient mais aujourd’hui il s’agit plutôt d’un établissement « de passage » dans lequel il n’y a plus de grandes peines. Nous n’avons pas eu de demandes d’intervention depuis 2017.
Nous ne désignons pas d’office les aides-soignants. Ce sont eux qui ont donné leur accord. Les coordinatrices ainsi qu’un pool de soignants sont habilités par la prison. L’intervention en milieu carcéral est une expérience professionnelle impressionnante les premières fois mais nous sommes encadrés, protégés, entourés par les surveillants. Il faut s’habituer au bruit, à passer tous les sas de sécurité, à récupérer un bip permettant d’alerter les surveillants si besoin… L’entrée et la sortie de prison prennent plus de temps que le soin auprès du détenu. La raison de la détention ne nous ait pas communiquée, mais tout se sait en prison. Cela peut être choquant parfois mais il faut savoir soigner sans jugement. Le soignant doit avoir du recul, une assise professionnelle et humaine importante, être dans l’empathie mais ne pas se faire instrumentaliser, savoir quelles sont les limites de la relation de soins.
Lors du premier passage, l’infirmière coordinatrice du Ssiad effectue une évaluation des besoins en soins et en termes de dépendance. Le soignant fait le premier soin et il est évalué par l’infirmière coordinatrice. Le Ssiad se met en rapport avec le surveillant-chef pour lui indiquer le rythme des interventions et organiser les passages des aides-soignants. Nous intervenons dans des cellules aménagées au handicap notamment pour les personnes en fauteuil. S’il faut un verticalisateur ou soulève-malade, le matériel est mis en place très rapidement par la prison. Les équipes de surveillant font preuve de beaucoup d’humanité pour prendre en compte les problématiques de perte d’autonomie des personnes détenues.
Aucun aide-soignant du Ssiad ne va seul la première fois en prison. Nous avons mis en place des doublons avec l’accord du centre pénitentiaire pour au moins les trois premières interventions afin de se familiariser avec les procédures. En retour de tournées sur les premiers jours, il y a un debrief avec l’infirmière coordinatrice. Au cours des réunions de synthèse hebdomadaires, nous faisons le point. Si un soignant ne se sent pas bien dans le cadre de l’univers carcéral, il est retiré sans délais. En cas de difficulté, il peut rencontrer la psychologue de l’association, en équipe ou en individuel.
L’association Apamad est membre du Réseau APA (ensemble d’associations du Haut-Rhin intervenant dans le domaine de l’économie sociale et solidaire) qui rassemble près de 4 500 salariés, 850 bénévoles et intervient chaque année auprès de 50 000 personnes.