Recevoir la newsletter

Une formation « autisme » pour les travailleurs sociaux

Article réservé aux abonnés

Lors de ce point d’étape sur la mise en œuvre de la stratégie « autisme », le 1er avril dernier, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, a annoncé la création d’un « certificat national d’intervention en autisme » pour les travailleurs sociaux. L’arrêté qui encadrera sa mise en application devrait être publié d’ici l’été, mais nous savons d’ores et déjà que ce module d’une durée de 140 heures pourra être proposé par les centres de formation en travail social dans le cadre de la formation continue.

Une formation nécessaire…

Si la formation des travailleurs sociaux ne fait pas partie de la stratégie « autisme » mise en place actuellement, il en a été largement question lors du troisième plan « autisme » (2013-2017) : c’était la mesure 38 concernant la protection de l’enfance. Cette mesure répondait à une problématique dénoncée notamment par les associations de familles, qui alertent régulièrement sur le risque de confusion entre les manifestations des troubles du spectre autistique (TSA) – difficultés à se concentrer, hyperactivité, trouble du sommeil, automutilation… – et les signes de maltraitance, ce qui peut conduire à des enquêtes sociales, voire à des placements. Selon Danièle Langloys, présidente de l’association France autisme, c’est le cauchemar de centaines de familles : « Chaque semaine, nous tentons d’aider des familles qui continuent à être pourchassées par l’aide sociale à l’enfance et par les juges qui suivent aveuglément cette dernière. » Une formation des travailleurs sociaux qui est souhaitée d’ailleurs par certains professionnels qui, comme les familles, se sentent dépassés par ces situations. « La prise en charge des personnes avec TSA ne peut pas s’improviser. Parents, nous devons nous former, les travailleurs sociaux doivent le faire aussi », explique Christine Meignien, présidente de l’association Sésame autisme. Et d’ajouter : « Il est important de bien comprendre les problèmes de communication, de compréhension, le fait que les autistes ne perçoivent pas les intentions, de devoir les resituer régulièrement dans le temps et l’espace… Ces connaissances permettent d’éviter les crises. »

… Mais pas sous cette forme

Différents points sur ce certificat posent néanmoins question. Le premier est le fait que cette formation soit délivrée par les centres de formation en travail social. Et pour cause, un audit des contenus des formations dans le travail social concernant l’autisme – éalisé en 2016 mais publié seulement le 6 février 2017, via une instruction ministérielle – révèle que seul 14 % des organismes dispensent une formation basée sur les recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Les 86 % restants présentent par conséquent pour une grande partie d’entre eux une approche de l’autisme comme une psychose. Une étude qui a été menée sur le contenu des formations délivré pour quatre diplômes d’Etat : celui d’éducateur spécialisé (Dees), celui d’éducateur de jeunes enfants (Deeje), celui de moniteur-éducateur (Deme) et celui d’aide médico-psychologique (DEAMP).

Des données qui peuvent expliquer les réticences sur le fait que ce module de formation soit prévu dans le cadre de la formation continue. Danièle Langlois s’interroge : « La formation continue sur une formation initiale ratée, j’ai beaucoup de doute sur l’efficacité de ce certificat. » Et d’ajouter, alors que cette dernière a participé aux discussions sur cette formation lors du troisième plan « autisme » : « Ce certificat est une reprise du plan 3, mais sous une forme dévoyée, car il s’agissait au départ d’une certification, ce qui suppose un certificateur pour s’assurer de la qualité des formateurs et des connaissances. Cela se transforme en une espèce de module complémentaire que n’importe qui pourra mettre en œuvre, en particulier les instituts de formation en travail social, qui sont notoirement incompétents en autisme et dont la grande majorité d’entre eux n’enseigne que la psychanalyse. »

Les craintes sur ce certificat, qui ne répondrait pas aux besoins, pourront être infirmées ou confirmées lors de la publication de l’arrêté encadrant ce certificat pour les travailleurs sociaux, attendu d’ici l’été. Les familles et les professionnels y seront attentifs.

Un groupe de travail sur l’accueil des enfants autistes

Le 2 avril dernier, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, a annoncé la création d’un groupe de travail sur l’accueil des enfants autistes par l’aide sociale à l’enfance. Composé d’une dizaine de personnes – magistrat, protection de l’enfance, agence régionale de santé (ARS), département, association… –, ce groupe n’intègre pas la concertation sur la protection de l’enfance, lancée le 27 mars dernier. Transversal aux stratégies sur la protection de l’enfance et sur l’autisme, ses enjeux sont notamment la coordination entre les ARS et le secteur de la protection de l’enfance ainsi que l’adaptation des plans de formation pour une meilleure cohérence dans l’appréhension des TSA par les travailleurs sociaux, les juges et les médecins. La première réunion est prévue fin mai pour une mise en œuvre opérationnelle à l’automne prochain.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur