Un jour de 2015, dans le sous-sol d’une association chargée de l’enfance, l’historien Jean-François Laé tombe sur de vieux dossiers noircis. Il fouille et découvre une série de correspondances entre des assistantes sociales, des jeunes filles, des juges pour enfants, des patrons, des parents, des familles d’accueil. Mais ce seront surtout les 160 lettres écrites entre 1953 et 1970 entre Micheline Bonin, fille-mère à 20 ans, et Odile Rouvat, première assistante sociale auprès du tribunal pour enfants d’Avignon, qui se fait appeler « Mademoiselle », qui retiendront son attention. Micheline est née d’une famille pauvre du Vaucluse, sa mère n’est pas commode et son père a fait de la prison. C’est sa mère qui a demandé qu’elle soit placée. Durant toutes ces années, Odile répond à ses courriers avec affection et tente de lui apporter de l’aide : des vêtements, des bons alimentaires, une colonie de vacances pour sa fille, un logement, du travail… Au fil des pages se dessinent, d’un côté, « le pouvoir de la maternité sociale », de l’autre, le destin de jeunes filles désargentées, indociles ou filles-mères. Une histoire oubliée. Passionnante.
« Une fille en correction » – Jean-François Laé – Ed. CNRS, 22 €.