En 2005, une loi a été votée pour l’égalité des droits et des chances, la citoyenneté et la participation des personnes en situation de handicap. En pratique, si les choses avancent doucement, on est encore loin du compte. En matière d’emploi, par exemple, la mise en œuvre de l’inclusion en milieu ordinaire rencontre toujours beaucoup d’obstacles. Pourtant, depuis peu, des restaurants pas tout à fait comme les autres se développent. Des restaurants « extraordinaires », à commencer par Le Reflet(1), le premier du genre en France ouvert à Nantes fin 2016 puis à Paris plus récemment, qui emploie six aides cuisiniers et serveurs porteurs de la trisomie 21. Le projet a été porté par Trinôme 44, une association qui se bat pour l’intégration professionnelle et sociale des personnes atteintes de handicaps mentaux et physiques. Il a pu intégrer Marie-Noëlle, 27 ans, qui jusque-là avait fait du bénévolat aux Petites Sœurs des pauvres, mais aussi Antoine, qui, du haut de ses 34 ans, est le doyen de l’équipe et a passé dix ans à travailler dans un Esat. Il y a aussi Maxime, Pauline, Antoine et Caroline. Preuve qu’il est possible de gommer les différences et de travailler ensemble, aujourd’hui, tous les salariés sont en CDI. Non seulement ça marche mais l’initiative a fait des émules. Depuis sont nés Le Café joyeux, à Rennes, Le Résinier, au Barp (Gironde), Les 3 Brasseurs, à Nîmes… Caroline, qui travaille au Reflet, se sent désormais comme tout le monde : « Elle a une fierté inimaginable de ramener chaque mois son bulletin de salaire et son chèque », avouent ses parents. Avant le restaurant, Pauline avait pour principal lien social sa famille. Maintenant, elle lie contact avec l’extérieur plus facilement. La mère de Paul, elle, est encore toute émue : « Quand il m’a annoncé la signature de son contrat, j’en ai pleuré. Il est beaucoup plus serein, moins stressé. Il y a même une transformation physique. » Au Reflet et ailleurs, on ne partage pas que la cuisine, mais aussi l’humain.
« Restaurants EXTRAordinaires » – Association Trinôme 44 et Presses de l’EHESP, 25 €