Va-t-on devoir travailler plus pour financer la dépendance ? C’est l’une des pistes envisagées par Emmanuel Macron et plusieurs membres du gouvernement. Dans le Journal du dimanche (JDD) du 21 avril, la députée LREM Aurore Bergé propose, elle, de supprimer un jour férié pour financer l’autonomie. « Je suis persuadée que les Français sont d’accord pour travailler plus si on explique que 100 % des recettes de la journée de solidarité sont consacrées à la baisse de leurs impôts ou au financement des Ehpad », a-t-elle défendu. Mais l’idée divise les Français comme le montre un sondage Ifop publié le même jour dans le JDD : 54 % d’entre eux sont opposés à l’idée de travailler plus.
« L’ensemble des organisations syndicales et même une partie des organisations patronales s’opposent à une telle possibilité, assure Pascal Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées). » Et d’ajouter : « La journée de solidarité rapporte environ 2 milliards d’euros. Or, il faut trouver 10 milliards d’euros pour les personnes âgées. Ce n’est donc pas une journée qu’il faut supprimer mais la cinquième semaine de congés payés ! »
C’est pourquoi l’AD-PA préconise la mise en place d’une prestation autonomie, « un financement pérenne acceptable pour l’ensemble de la société ». Plus précisément, elle propose ce que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait avancé, à l’unanimité, en 2011 : une taxe sur les successions. « On ne financera pas l’aide à l’autonomie s’il n’y a pas une augmentation d’impôts ou de charges sociales, certifie Pascal Champvert. Ce sont forcément les Français qui vont financer l’autonomie des vieux Français. » Et de rappeler que si les Français ne veulent pas payer plus d’impôts, il y a deux sujets pour lesquels ils sont prêts à le faire : la santé et l’aide à l’autonomie.
« Cette taxe serait de nature à permettre d’obtenir les 10 milliards d’euros, estime encore le président de l’AD-PA. Il s’agirait de taxer l’ensemble des successions, aussi bien certaines donations avant 70 ans que les assurances vie par exemple. Ce serait un élément de justice sociale. C’est une piste sérieusement étudiée par le Cese que nous voulons remettre à l’ordre du jour. A l’époque, elle avait été acceptée par l’ensemble des syndicats de salariés mais aussi les représentants de l’agriculture, du commerce, de l’artisanat, des grandes entreprises… » Et de faire le pari qu’elle le sera encore en 2019.