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« La question terroriste efface très vite l’enfant »

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La Convention nationale des associations de protection de l’enfant (Cnape) appelle l’Etat à organiser urgemment le rapatriement des enfants de djihadistes français présents en zone irako-syrienne.
Plusieurs dizaines d’enfants ressortissants français sont encore dans la zone irako-syrienne. Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Ces enfants sont en danger. Il faut les rapatrier sans tarder. Quelques-uns sont déjà morts. Pour le moment, l’urgence est dans les camps situés au Kurdistan syrien où il y a une forte proportion d’enfants de moins de 10 ans. Pour la partie Irak, la question va se poser et elle se pose déjà puisqu’il y a des retours. On est bien dans une situation de protection de l’enfance en danger et non pas sur un sujet de terrorisme. Cela interpelle l’Etat français et l’Union européenne. Nous avons à nous substituer à un Etat syrien défaillant, c’est maintenant qu’il faut agir !

Avez-vous abordé ce dossier avec le secrétaire d’état à la protection de l’enfance ?

Oui, mais Adrien Taquet est pris dans une préoccupation qui dépasse la protection de l’enfance car ce sujet est hypersensible. Une majorité de l’opinion publique est peu encline au retour de ces enfants. La question du terrorisme efface très vite l’enfant. La protection de l’enfance est basée sur l’article 375 du code civil, qui nomme la notion de « danger ». La santé, la sécurité, les conditions de leur éducation, le développement de ces enfants sont gravement compromis. Tous les indicateurs sont au rouge. En vertu de cet article, il y a lieu de prendre les mesures qui conviennent pour protéger ces enfants.

Pour certains, ce sont des « bombes à retardement »…

Si nous devions penser que tous les enfants qui ont connu de graves situations de maltraitance constitueraient obligatoirement plus tard un danger pour la société, la question de la protection de l’enfance serait à revoir. Un enfant qui a subi des traumatismes dans le cadre familial ou dans des circonstances exceptionnelles doit pouvoir trouver des réponses à ses besoins les plus immédiats, en termes de soins, de suivi général, d’accompagnement psychologique. Plus l’enfant est jeune, plus il est pris tôt, plus on lui apportera des réponses adaptées, plus on le sécurisera, plus on prendra soin de lui, plus on le rassurera, plus on lui donnera un entourage bienveillant, plus cet enfant aura des chances de reprendre le cours d’une vie normale. S’agissant des adolescents qui ont pu commettre des actes, nous avons tout intérêt à leur porter une vigilance maximale, des soins, un encadrement et un accompagnement appropriés.

Les professionnels du secteur sont-ils suffisamment formés ?

Les professionnels ont l’habitude d’accueillir des enfants qui ont des troubles du comportement, mais on ne pourra jamais dire que nous sommes suffisamment bien formés, préparés, organisés. L’accompagnement des professionnels passe par la formation, les réunions d’équipes internes et externes, le recours à des ressources extérieures. Tous ces enfants ne reviennent pas dans le même état, l’évaluation devra être très fine et l’approche particulièrement individualisée. L’observation est aussi essentielle pour repérer les besoins de l’enfant selon son évolution. Nous n’avons que deux à trois ans de recul mais les enfants déjà accueillis n’ont pas posé des problèmes singuliers nécessitant des compétences et des connaissances complètement nouvelles ou différentes pour les professionnels.

Repères

La Cnape est membre du comité de suivi relatif à l’expérimentation et à la prise en charge en assistance éducative des mineurs de retour de zone irako-syrienne.

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