1983. Le monde découvre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Alors qu’il se répand sur le territoire, l’épidémie est déclarée cause nationale en France, mais la recherche en est à ses balbutiements. En 1987, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le ministère de la Recherche et le Centre national de la recherche scientifique mettent en place le « programme national de recherche sur le sida » en 1987. A la suite d’un audit sur la lutte contre le sida en France, l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) voit le jour en 1988. Elle a pour mission d’évaluer, de stimuler, de coordonner et de financer les recherches sur le virus, en collaboration avec les autres institutions participant à la recherche biologique et médicale.
Son directeur de l’époque, le professeur Jean-Paul Lévy, dira de l’ANRS qu’elle est « le seul organisme en France, à l’époque, à soutenir massivement les essais thérapeutiques et des cohortes de patients qui recrutent des milliers de volontaires ». Des essais tâtonnants, comme l’illustre la scène du film 120 battements par minute, où l’un des membres d’Act Up est sidéré par un protocole qui prévoit 16 ponctions des ganglions. Réellement vécu par le fondateur de l’association, ce moment est l’illustration d’une époque où l’expérience de l’usager était peu prise en compte.
A la fin des années 1990, les projets de recherche au bénéfice des pays à ressources limitées, en Afrique notamment, se développent et permettent d’étayer les politiques de santé publique nationales. Progressivement, les missions de l’ANRS s’étendent aux hépatites virales. En 2012, elle devient une agence autonome de l’Inserm.
Aujourd’hui, l’organisme fédère un réseau de chercheurs et de médecins praticiens, encourage les projets à dimension communautaire, finance des publications liées à ses domaines de recherche et des projets de recherche.
Et pour l’avenir ? Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a mandaté l’ANRS sur la période 2019-2021 pour actualiser, sous la forme d’un rapport unique, les recommandations françaises sur le VIH, les hépatites B et C et les infections sexuellement transmissibles (IST). La structure réfléchit d’ailleurs à élargir son champ de travail à l’ensemble des IST, de l’aveu de son directeur François Dabis, dans le cadre d’un mouvement général autour de l’amélioration de la santé sexuelle. Il souhaite « un contrôle plus rapide, durable et accessible à tous des maladies et problèmes de société au cœur des missions de l’agence ».
• 43, 8 millions d’euros de budget prévisionnel pour 2019
• 65 unités de recherche, dont 33 avec une labellisation Inserm
• 35 équipes cliniques affiliées à des centres hospitaliers universitaires, à la tête d’un réseau de 300 services hospitaliers menant les projets de recherche clinique de l’ANRS
Nommé directeur de l’ANRS après le départ, en 2017, de Jean-François Delfraissy pour le Comité consultatif national d’éthique, le professeur François Dabis est à la fois médecin, universitaire et chercheur de renom. Au cours de son doctorat de médecine à l’université de Bordeaux 2, il se spécialise en épidémiologie et en santé publique, avant de compléter son cursus à Harvard. Il travaille ensuite pour les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, avant de diriger l’équipe de recherche « VIH, cancer et santé globale » au sein de l’Institut de santé publique de l’Inserm.
Spécialiste de la question du VIH, il réalise de nombreux travaux, en France comme en Afrique, sur l’épidémiologie er les défis de santé publique posés par cette infection virale.
En 2015, il coordonne la mise en place du programme « Ripost », une initiative destinée à renforcer la capacité de réponse aux menaces épidémiques des instituts nationaux de santé publique des Etats d’Afrique de l’Ouest.