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Toi vouloir être chat

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Un chat dans les ASH ? Alors là, on aura tout vu ! Et pourquoi pas ? Il y a eu Choupette, la chatte héritière, Orangey, le chat acteur, Félicette, la chatte astronaute… Et il y a moi, Flower, le chat médiateur.

Vous avez forcément déjà entendu parler de moi, ou de l’un de mes compagnons de travail. Chiens, chats, chevaux, oiseaux… Nous sommes une armée de poils et de plumes, aboyant, miaulant, hennissant ou pépiant à la rescousse des travailleurs sociaux en quête de facilitateurs de lien social.

Parce que, bon, avouez-le, malgré vos diplômes et vos réunions, vous vous rendez bien compte que les relations avec les usagers/bénéficiaires/résidents (rayez les mentions inutiles) ne sont pas toujours faciles.

Vous, les travailleurs sociaux, vous parlez de « relation d’aide » et de « projet personnalisé », vous voulez « créer du lien, faire du sens, porter des projets »… Bref, vous voulez faire des choses simples avec des mots compliqués…

Moi, je ne m’embarrasse pas de tout votre charabia. Je vais et je viens entre les gens et les jambes, je ronronne, je frémis des moustaches… et le tour est joué. Le reste, c’est du blabla, du jargon socio-éduco-judicio-prout, rien de plus.

Vous, vous vous encombrez de tout un tas de titres, chacun son diplôme, chacun sa spécialité. Enfants polyhandicapés, détenus, personnes âgées fragilisées, adultes autistes, SDF… Moi, je me fiche pas mal de qui est qui et de qui veut quoi. Je n’ai besoin que de croquettes et de caresses. Nourriture et tendresse, la base. Rien de plus simple.

Vous, les experts en travail social, vous observez, vous notez, vous interprétez…

Vous analysez le regard de Mme Pivoine, 87 ans et un Alzheimer galopant, vous guettez la réaction de Rose, 7 ans et un autisme envahissant, vous scrutez les gestes de Véronique, 34 ans et un casier judiciaire encombrant. Moi, je me contente d’aller d’une caresse à l’autre, sans rien connaître de la vie des gens, et ça me suffit.

Sincèrement, de toutes les vies que j’ai pu avoir (un chat a plusieurs vies, je ne vous apprends rien), celle de chat médiateur est de loin la plus agréable. Partout où je vais, je suis accueilli comme un roi. Je vois des sourires et des yeux qui pétillent, je me vautre dans le confort moelleux des fauteuils, je m’offre aux gratouillis de toutes sortes de mains, plus ou moins tendres, bourrues, âgées, souples…

Oh, bien sûr, il y a parfois quelques petits incidents… Des gestes un peu brusques, des éternuements intempestifs, des peurs irraisonnées… Mais qui, parmi vous, peut se vanter de réussir partout et toujours ?

Treize millions de chats domestiques en France, je suis indubitablement votre animal de compagnie préféré. Il paraît que je suis l’antistress idéal, que ma simple présence ouvre le dialogue et stimule l’expression. Vous me prêtez des vertus thérapeutiques exceptionnelles.

Vous voulez que je vous confie mon secret ? Il est tout simple…

Ce que vous demandez, offrez-le en retour. La confiance, elle se donne et se reçoit. Comme une caresse, douce et délicate… Ou comme un chat, qui va et vient en toute liberté.

La minute de Flo

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