L’une des propositions phares du rapport « Libault », rendu public le 28 mars, consiste à mettre en place « un plan national pour les métiers du grand âge pour lancer une mobilisation, dans la durée, en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge et d’une meilleure structuration de la filière ». Le jour de la remise de ce rapport, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, avait précisé vouloir avancer le plus rapidement possible sur cette question. Et ce, afin d’avoir « un impact dès 2019 ». Quelques semaines après cette présentation en grande pompe et les beaux discours de circonstance qui vont avec, la sénatrice de Savoie Martine Berthet (Les Républicains) a tenu à rappeler le gouvernement à ses promesses. Ainsi, lors de la séance des questions orales du Sénat du 10 avril, elle a interpellé Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès d’Agnès Buzyn.
Afin d’illustrer son propos elle a évoqué « le cas plus que dramatique » de l’ADMR de Bozel, en Savoie, où « 26 auxiliaires de vie sur 30 ont démissionné, sans qu’il ne soit possible de les remplacer ». De manière plus générale, la sénatrice a estimé que, « alors que les Ehpad sont surchargés, qu’il est indispensable de garder nos personnes âgées le plus longtemps possible dans leur environnement familial, que les classes de formation ouvertes n’arrivent plus à être remplies, il devient plus qu’urgent de reconsidérer le mode de recrutement, la rémunération et les conditions de travail des auxiliaires de vie ». C’est pourquoi elle a demandé à Adrien Taquet « si, dans le séquençage des mesures présentées, celle qui concerne les métiers du grand âge sera une priorité ».
Assurant la sénatrice que « le gouvernement partage (sa) préoccupation sur la situation des salariés du secteur de l’aide à domicile », le secrétaire d’Etat a certifié que le gouvernement allait « engager rapidement un grand plan “métiers” pour revaloriser tous les métiers du grand âge ». « Il s’agit de travailler notamment sur quatre leviers de changement majeurs concernant les métiers du grand âge », a-t-il indiqué : « Le premier concerne les effectifs, qui doivent augmenter pour accroître le temps de présence auprès des personnes. Le deuxième a trait à la prévention de la pénibilité du travail. Le troisième porte sur les formations et les compétences, qui doivent évoluer pour mieux préparer les professionnels aux attentes nouvelles. Enfin, quatrième levier, des perspectives de carrière diversifiées doivent être ouvertes à ces professionnels. »
Jugeant ces annonces « bonnes », Martine Berthet met toutefois en garde le gouvernement face à « l’urgence d’agir ». « En effet, je pense que l’on arrive vraiment au bout du bout. Nos personnes âgées ne peuvent plus être accompagnées comme il faut à domicile. Ce n’est pas normal. » Et la sénatrice de s’interroger : « Dans quel délai les propositions seront-elles mises en œuvre ? Nous n’avons pas de réponse. Or il est nécessaire qu’elles le soient avant la loi de l’automne, avant la rentrée de septembre. On ne peut plus se permettre d’attendre. Il faut d’ores et déjà activer les leviers que l’on peut activer. » Alors que les attentes sont grandes sur le terrain, la balle est donc dans le camp du gouvernement.
Pour rappel, dans le rapport « Libault », il est fait état de la mise en place « d’un plan national pour les métiers du grand âge » qui s’articule autour de « cinq grandes priorités » : l’amélioration des conditions de travail des professionnels ; la montée en compétences de l’ensemble des professionnels ; faciliter l’accès aux métiers du grand âge et ouvrir des perspectives de carrière ; la revalorisation des salaires ; développer et piloter une véritable politique de filière de manière transversale.