« Qu’on arrête de parler de psychiatrie, et qu’on parle d’une bonne prise en charge. Face à un spectre de l’autisme très large, il faut élargir notre intervention. » Ces mots durs, prononcés par Sophie Cluzel dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin, à la veille de la Journée mondiale de l’autisme, n’ont pas laissé la profession indifférente. « Visiblement transportée par le ton d’une interview en quête de sensationnel, Mme Cluzel s’est sentie autorisée à donner des “toubibs” et des hôpitaux psychiatriques une image repoussante », réagit, visiblement irrité, le syndicat des psychiatres des hôpitaux dans une lettre ouverte du 5 avril, en réaction aux propos de la de la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées. « Il faut arrêter les errances de diagnostic pour les familles », avait notamment martelé Sophie Cluzel, en référence au forfait d’intervention précoce prévu par le quatrième plan autisme. « Tous les enfants autistes qui naissent bénéficieront du forfait d’intervention précoce et pourront aller à l’école. » Face à la rhétorique inclusive de la secrétaire d’État, les auteurs de la lettre s’inscrivent comme partie prenante de cette dynamique. « Au cœur de ses missions, notre discipline assure la prise en charge d’un nombre croissant de personnes, dont l’intensité des troubles peut constituer un “handicap psychique” qui nécessite des interventions pluriprofessionnelles et de coopération pluridisciplinaire, depuis les soins jusqu’aux démarches sociales d’insertion. » Le collectif « Le printemps de la psychiatrie », dans un post du 9 avril sur Mediapart, globalise ces attaques en parlant d’une « intense communication contre la psychiatrie et la pédopsychiatrie, déployée par certains membres des gouvernements successifs, par des militants associatifs, et largement relayée dans les médias ». L’article appelle à éviter tout prosélytisme inclusif, et à tenir compte des particularités de chaque cas, en rappelant qu’il est possible d’articuler l’accueil dans une institution avec l’école et le travail. Si les pratiques maltraitantes sont reconnues, elles sont imputées aux politiques d’austérité, aux manques de moyens et aux transformations des pratiques. « Le tout-milieu ordinaire, le tout-milieu spécialisé, sont deux absurdités vouées à l’échec », affirme le collectif, pour qui les politiques inclusives actuelles « n’aboutissent qu’à plus d’abandon, de relégation à la maison, voire à la rue, d’enfermement et de maltraitance ».
Panorama de l’actualité
Après les propos de Sophie Cluzel, la profession s’insurge
Article réservé aux abonnés