Construire des grands ensembles ou des ZUP (zones à urbaniser en priorité), comme on disait à l’époque, pour résorber les bidonvilles et les taudis et loger tout le monde… Au départ, l’idée était louable. A l’arrivée, les cités sont montrées du doigt, décriées, leurs habitants ghettoïsés. Et il faut des émeutes pour que les banlieues fassent parler d’elles. Mais à en croire Xavier de Jarcy, qui a compulsé des milliers de pages d’archives, cette relégation ne date pas d’aujourd’hui. Selon lui, depuis leur construction, les « cités de banlieue » ont été des zones de ségrégation spatiale et sociale, mal pensées et sous-équipées en services publics, sociaux et culturels : « Elles témoignent, au contraire, que l’habitat a été, dans notre pays, le grand sacrifié de la modernité. » Quant à la dérive des quartiers, contrairement à une explication très répandue, elle ne serait liée ni à la crise économique de 1974, ni à l’immigration, mais au fait que la France a repoussé les plus pauvres hors des centres-villes.
« Les abandonnés. Histoire des “cités de banlieue” » – Xavier de Jarcy – Ed. Albin Michel, 22 €.