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“Ouvrir l’Ehpad à son environnement de proximité”

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Alors que la question de l’avenir des Ehpad est de plus en plus brûlante, l’ARS Nouvelle-Aquitaine expérimente depuis quelques années un nouveau dispositif : l’Ehpad « pôle ressources de proximité ». Une démarche qui vise à créer des interactions entre l’établissement et son environnement de proximité (partenaires sociaux, médico-sociaux et sanitaires).
En quoi consiste un Ehpad « Pôle ressources de proximité » ?

La première vague a commencé en 2011-2012, alors que Michel Laforcade était en responsabilité en Limousin. Puis il a souhaité que cette action s’étende à l’Aquitaine, puis à la Nouvelle-Aquitaine. Il y a donc une continuité de déploiement depuis 2012. Nous en sommes à 70 Ehpad engagés dans la démarche. Nous avons fait évoluer la terminologie, passant de la notion de « centre de ressources » à « pôle ressources de proximité ». Mais, in fine, c’est la même philosophie depuis le lancement. L’idée de départ est assez simple : ouvrir et valoriser l’Ehpad à son environnement de proximité, et ce dans plusieurs sens. D’abord, favoriser les interactions, les échanges entre les résidents et les personnels de l’Ehpad, avec les ressources locales. Il s’agit de rendre accessibles un certain nombre d’activités et de prestations, jusque-là proposées aux résidents de l’Ehpad, aux habitants des environs qui, plus ou moins en perte d’autonomie, n’ont pas forcément connaissance de ce qui se fait au sein de l’établissement. Cela peut être, par exemple, une activité physique adaptée, un atelier nutrition, une animation sociale, du soutien aux aidants ou encore des bilans de prévention. Mais c’est aussi le fait de renforcer les solidarités de proximité, les liens sociaux, car les parcours de vie, les savoirs des personnes résidant en Ehpad ont une vraie valeur. On voit ainsi comment des enfants, des collégiens peuvent partager des activités, des moments de vie essentiels. L’Ehpad est un acteur essentiel de l’économie sociale et solidaire. Cette ouverture du plateau technique de l’Ehpad engendre à la fois un effet de dynamisation de la vie au sein de l’établissement, un changement de représentation dans une période actuelle où l’image de l’Ehpad, des équipes, peut être mise en cause publiquement. Il est important de valoriser les compétences des professionnels qui y travaillent.

La structure est donc déjà existante ?

Exactement. Ce n’est pas une création d’établissement ou une extension de structure existante. En Nouvelle-Aquitaine, il y a environ 900 Ehpad. Chaque année, lorsque nous lançons cet appel à candidatures, nous cherchons à stimuler leur créativité, leur capacité d’innovation sur la base du volontariat. On part des attentes exprimées par les équipes, leurs compétences et leur envie de faire. Aujourd’hui, il y a 70 Ehpad « pôles ressources de proximité », pour un montant total annuel de financement de 4,6 millions d’euros. Notre objectif est que tous les Ehpad volontaires puissent s’engager dans cette dynamique collective.

Cela aura-t-il un impact sur le fonctionnement de l’établissement ?

Nous avons un cahier des charges extrêmement ouvert. Volontairement, nous n’avons pas cantonné la démarche à ce qu’une ARS [agence régionale de santé] est légitime à financer, c’est-à-dire le soin. Nous ne sommes pas seulement dans la dimension médico-économique ou médicale, mais aussi dans la fonction de participation sociale, d’ouverture, de prévention… Concrètement, les Ehpad candidats doivent présenter un projet dans lequel ils vont indiquer quelles actions ils souhaitent développer (qu’il s’agisse d’actions de prévention, d’utilité sociale, d’aide aux aidants…). Les établissements nous présentent donc ce plan d’actions, nous expliquent qui cela va concerner à l’intérieur comme à l’extérieur. Et ils nous disent, in fine, quels sont les moyens (humains, techniques, de déplacements…) dont ils ont besoin pour mener à bien leur projet. Nous sommes donc sur une vision très large de la fonction de l’Ehpad. Derrière, nous leur dégageons des crédits pour qu’ils puissent mener leur projet sur trois ans. Le but étant que ça ne coûte pas plus cher à l’établissement. Le surplus engendré par ces nouvelles fonctions est pris en charge par l’ARS. Et les montants sont extrêmement variés. Certains projets peuvent coûter 20 000 à 30 000 €, et d’autres vont atteindre 100 000 € par an (montant maximal autorisé). Si l’on rapporte le montant total investi à ce jour (4,6 millions d’euros) à la dotation régionale consacrée aux établissements et services médico-sociaux pour personnes âgées (1,2 milliard d’euros), on voit bien que le retour sur investissement est assez net.

Quel est le type d’action menée au sein de ces structures ?

Il y a un certain nombre de projets en lien avec de l’intergénérationnel ou avec ce que l’on nomme le « prendre soin », à savoir des thérapies non médicamenteuses, des alternatives aux prises en charge soignantes classiques. La prévention a aussi une place importante. Concrètement, ce sont aussi bien des activités physiques adaptées que des activités culturelles ou sociales au sein de l’Ehpad, mais aussi des bilans visuels ou dentaires proposés par les établissements à la population âgée de proximité.

Ce concept doit-il se généraliser ?

Nous y sommes pleinement favorables. Nous considérons, et nous ne sommes pas les seuls, qu’il ne faut pas cantonner les équipes d’Ehpad à leur fonction médico-soignante, quand bien même cette mission va se renforcer, compte tenu de l’entrée plus tardive des personnes et de la progression des maladies neuro-évolutives. Il ne faut pas « sanitariser » les Ehpad. Ils ont une fonction extrêmement importante de solidarité de proximité, qu’il faut maintenir et renforcer. Ce sont également des acteurs de prévention. Ils doivent constituer un « autre chez soi » pour des personnes qui, à un moment donné de leur vie, quittent le leur. Nous pensons que cette vision hybride de l’Ehpad est probablement celle à défendre pour penser l’Ehpad de demain. L’Ehpad « ressources », plus ou moins hors les murs, a de l’avenir. Il constitue l’un des maillons de la chaîne de valeur sociale permettant d’assurer le continuum de services attendus par les personnes et leurs proches. Au moment d’un parcours de vie où la question de l’accueil en Ehpad se pose pour une personne et sa famille, le fait d’être déjà familier avec ce nouvel environnement de vie via cette fonction « ressource » est un gage de meilleure acceptation et de meilleure transition vers ce nouveau cadre de vie.

Titulaire d’un diplôme d’éducateur spécialisé,

Saïd Acef est directeur délégué « autonomie » (personnes âgées et personnes en situation de handicap) de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Il a auparavant été conseiller auprès de Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargé du handicap et de la lutte contre l’exclusion.

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