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Deux ambassadeurs pour le Cnaemo

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Une nouveauté, lors de ces 39es Assises nationales de l’organisation, a été la présentation d’un parrain et d’une marraine. Sofia Aouine, journaliste écrivaine, et Fayçal Hanneche, explorateur polaire, sont tous deux d’anciens jeunes de l’aide sociale à l’enfance.
Pourquoi avez-vous accepté d’être le parrain et la marraine du Cnaemo ?

Sofia Aouine : J’ai accepté car je pense que la parole d’une ancienne enfant placée, de 1 à 21 ans, est importante à entendre. Je souhaite transmettre mon histoire et, à travers celle-ci, faire avancer les pratiques professionnelles. Cet engagement, ce n’est pas uniquement le fait de dire que je m’en suis sortie, mais également celui de partager avec les jeunes l’idée qu’ils ont le droit de rêver, de sortir de cette image d’enfants placés et, surtout, de ne pas en avoir honte. Il est important d’avoir du recul, et peut-être que mon parcours et celui de Fayçal peuvent aider à avoir un spectre plus large de la protection de l’enfance.

Fayçal Hanneche : Je suis également dans la transmission, et je souhaite partager mon expérience avec les jeunes et les équipes éducatives. C’est une manière de donner un regard de l’intérieur car, depuis longtemps, on ne parle pas forcément en bien des enfants placés ou encore de ceux de la Ddass, pour les plus anciens. Dans la protection de l’enfance, il y a des histoires tragiques, mais il y a aussi des éducateurs engagés qui font du très bon travail, et j’en suis le produit.

Anciens enfants placés qui ont réussi, vous êtes devenus parrain et marraine du Cnaemo… N’êtes-vous pas l’arbre qui cache la forêt ?

S. A. et F. H. : Nous ne sommes pas dans le déni des problèmes de la protection de l’enfance, nous savons ce que c’est que d’être placé et connaissons les conditions de vie dans certains foyers. C’est vrai que l’on fait souvent parler d’anciens enfants placés qui ont réussi leur vie, nous sommes nombreux dans ce cas. Cependant, il y en a aussi beaucoup qui sont laissés sur le côté. Néanmoins, ce qui est intéressant dans ce rôle de porte-parole est de se retrouver de l’autre côté de la barrière. Pendant des années, nous avons eu des éducateurs ou des juges qui pouvaient décider comme un couperet du sens de notre vie. Aujourd’hui, nous voulons profiter de cette fonction de marraine et de parrain pour transmettre notre expérience aux travailleurs sociaux. Nous avons envie de témoigner du fait que l’on peut s’en sortir, même si c’est difficile.

Que vous semble-t-il important de défendre dans vos fonctions de marraine et de parrain ?

F. H. : Par rapport à mon expérience, j’ai vu des éducateurs qui menaient des actions sans être sûrs que cela allait aboutir quelque part, quand d’autres qui savaient bien ce qu’ils faisaient afin que l’enfant trouve son compte. Il est important de rappeler aux éducateurs leur rôle central, leur responsabilité vis à vis des enfants. Dans les discours, on entend beaucoup parler d’éducatif, de psychologie mais le travail est l’humain. Moi, j’ai vu des éducateurs qui avait perdu cette empathie envers les jeunes dont ils devaient s’occuper alors que le plus important pour un enfant est la considération. Le fait qu’une seule personne croit en nous change notre regard sur nous.

S. A. : Personnellement, j’ai eu besoin de me réapproprier mon histoire d’enfant placée, car vingt ans de ma vie ont été spoliés par le silence des institutions, de la famille, et peut-être par mon propre déni de cette identité. J’ai donc décidé, il y a deux ans, de vérifier cette part de ma vie en ouvrant mon dossier aux archives. A 38 ans, j’ai retrouvé mon droit à l’enfance, j’y ai découvert que des personnes de la pouponnière d’Anthony, dans laquelle j’avais été confiée, avaient pris soin de moi comme de leur enfant. A partir de ce moment-là, j’ai récupéré une partie de mon histoire et de ma vie. Ce que je veux donc dire aux travailleurs sociaux, c’est que tout ce qu’ils écrivent de la vie des enfants dans les dossiers est important. Cela ne paie peut-être pas immédiatement, mais ce sera le cas ensuite, dans les dix, vingt ou quarante ans. Les écrits peuvent être négatifs, peuvent détruire une vie parce qu’il y a des manquements dans la protection de l’enfant, mais il y a aussi des choses positives.

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