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Les ultimes propositions des professionnels

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En juillet dernier, Emmanuel Macron annonçait une nouvelle loi sur le vieillissement pour l’année 2019. Alors que Dominique Libault, en charge de la concertation « grand âge et autonomie », lancée par Agnès Buzyn en octobre, va rendre son rapport à la fin du mois, les acteurs du secteur ont tenu à se faire entendre une dernière fois lors des Assises nationales des Ehpad, qui ont eu lieu les 12 et 13 mars à Paris.

C’EST LA DERNIÈRE LIGNE DROITE. APRÈS DES SEMAINES DE TRAVAUX INTENSIFS, Dominique Libault va rendre, le 28 mars, les conclusions de la concertation « grand âge et autonomie », dont il s’est vu confier les rênes par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. Plus précisément, entre octobre et février, celui qui est aussi président du Haut Conseil du financement de la protection sociale a piloté les réunions de dix ateliers, regroupant des représentants de l’Etat et des collectivités, des experts, des personnes âgées et des représentants d’associations et de fédérations d’usagers et de professionnels. Des ateliers aussi divers et variés que « gouvernance et pilotage », « panier de biens et services et reste à charge », « nouveaux financements », « prévention de la perte d’autonomie et bien vieillir », « offre de demain pour les personnes âgées en perte d’autonomie » et « cadre de vie ». Alors que les derniers arbitrages, les dernières formulations des propositions retenues sont en cours d’écriture, les acteurs du secteur ont tenu a rappelé leurs recommandations.

« Au-delà de la participation aux ateliers, je suis frappé de la quantité et de la qualité des contributions reçues. On voit bien qu’il y a une réelle attente et une urgence sur beaucoup de sujets. A l’issue de cette concertation, on constate aussi qu’il y a une forte convergence des acteurs sur un certain nombre de constats, de priorités, d’attentes, voire de solutions », a fait savoir Dominique Libault, lors des Assises nationales des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les 12 et 13 mars, à Paris. L’un des sujets qui fait l’unanimité chez les acteurs du secteur est celui de la réforme des métiers. Alors que le secteur fait face à de très grandes difficultés de recrutement et à un fort déficit d’attractivité en raison, entre autres, d’un « Ehpad bashing » considérable dans les médias, Jean-Pierre Riso, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), estime que « la question de l’attractivité des métiers est un enjeu considérable. En effet, on ne réussira pas la réforme si on n’arrive pas à attirer dans nos établissements et services des personnels motivés ».

« Imaginer des nouveaux métiers »

« Il faut une vraie revalorisation des métiers dans le cadre d’une revalorisation financière liée aux conventions collectives du secteur. Il faut à la fois rénover les diplômes existants et en créer de nouveaux, qui ne soient plus cloisonnés entre le soin d’un côté et l’animation de l’autre, poursuit-il. Il faut trouver des modèles mixtes. Et la future loi doit nous aider à y parvenir. » « Evidemment que dans la future loi, les métiers sont à prendre en compte, confirme Agnès Firmin-Le Bodo, députée Agir-La Droite constructive de Seine-Maritime et membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. La crise découle notamment de l’incapacité des professionnels de répondre au travail demandé par rapport aux conditions proposées. Il faut donc faire évoluer les métiers, la formation initiale comme continue. De même, on a vu la dépendance grandir en établissement mais nous n’avons pas su ou pas pu la prendre en compte. Il faut donc imaginer des nouveaux métiers, qui permettraient, au-delà des soins, d’apporter une présence auprès des personnes. »

Autre sujet à faire consensus chez les acteurs de terrain : la nécessité d’un big-bang de l’offre, de revoir en profondeur la logique de parcours. Une proposition portée notamment par le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa). « Aujourd’hui, alors que la personne âgée veut majoritairement rester à domicile le plus longtemps possible, on se rend compte que dans les conditions actuelles de l’aide à domicile, ce n’est pas possible, déplore Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa. C’est pourquoi nous voulons aller plus loin en proposant de créer des structures multi-services alliant services et soins à domicile et Ehpad. » « Je ne peux qu’être d’accord avec cela, admet Agnès Firmin-Le Bodo. Il y a dix ans, on parlait de “parcours” sans trop savoir ce qu’on voulait. Depuis, on a avancé mais pas tant que cela. Il faut encore simplifier pour arriver à une vraie solution multi-services. Il faut donner plus de libertés d’agir aux opérateurs pour qu’ils apportent des services différents. »

« En profiter pour changer complètement le paradigme »

« Cette grande loi “autonomie” ne peut pas simplement être une loi sur les Ehpad. Elle doit partir, plus que nous ne l’avons fait par le passé, des attentes et des besoins des personnes. De ce point de vue-là, il s’avère que la population souhaite majoritairement des formules mixtes d’accompagnement, qui associent diversification des formules d’hébergement et de soutien à domicile. Je partage donc l’idée d’assouplir ou de diversifier, sur les territoires, l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie », argumente encore Marc Bourquin, conseiller stratégique « parcours et territoire » de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Mais, au-delà des propositions visant à améliorer la qualité de vie des personnes âgées, au-delà des mesures pour rénover les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, au-delà des discussions autour de la tarification et de l’accompagnement des aidants, au-delà d’identifier les moyens d’une prévention plus efficace de la perte d’autonomie, au-delà de la recherche de solutions pour apporter des améliorations au cadre de vie des personnes âgées, les acteurs qui ont participé aux différents ateliers nationaux attendent « que les législateurs fassent leur travail législatif en tant que tel pour que cette loi soit à la hauteur des ambitions portées par le président de la République », comme le résume bien Benoît Calmels, délégué général de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Uncass).

« Il faut en profiter pour changer complètement le modèle, le paradigme, soutient Benoît Calmels. D’autant plus que les personnes qui vont devenir vieillissantes et en perte d’autonomie dans les 20 ans à venir vont totalement changer. Désormais, elles veulent redevenir des citoyens. Elles ne veulent pas être classées comme personnes âgées, elles ne veulent pas être segmentées. Essayons donc de réfléchir la loi pour que tout au long de son parcours une personne demeure citoyenne. » Pas une mince affaire, donc, même si le rapport « Libault » devrait apporter les premiers éléments de réponse politique aux requêtes du secteur.

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