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« Une demande d’humanisation est fortement pointée »

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Engagée depuis plusieurs décennies dans des appels à projets liés à la santé mentale, la Fondation de France a structuré son action dès 2004 avec le programme « maladies psychiques et vie sociale ». Rencontre avec le docteur Nathalie Sénécal, experte « santé et recherche » de la Fondation de France.
La psychiatrie en crise est au cœur de nombreux débats et réflexions depuis plusieurs mois. Quand la Fondation de France s’est-elle saisie de cette question ?

Ce n’est pas nouveau. La Fondation de France a été créée en 1969 et dès le début des projets ont été soutenus autour de la problématique de la santé mentale mais de façon non spécifique à travers différents programmes comme la santé des jeunes ou l’habitat. Progressivement, notre action s’est structurée et elle est désormais affichée en tant que telle à travers trois programmes qu’on décline avec des appels à projets autour :

– du repérage précoce des pathologies et l’accès aux soins, des jeunes et notamment des adolescents ;

– de l’accompagnement des malades à l’âge adulte (cheminement vers les soins, retour aux soins…), insertion (logement, travail, culture…) ;

– de la recherche.

Il est bon de rappeler que les maladies psychiques touchent en France une personne sur cinq. Pourtant, ces pathologies sont encore stigmatisées, notamment parce qu’elles demeurent grandement inexpliquées. On ne sait d’ailleurs pas bien les appréhender, mettre un diagnostic dessus. Il y a un vrai retard mondial de la recherche. En France, il y a d’un côté des médecins généralistes insuffisamment formés à une approche adaptée à ces troubles et de l’autre des psychiatres. D’une manière générale, le psychiatre référent fait rarement partie du réseau du médecin généraliste. Si des améliorations sont à noter, on ne peut que constater le chemin qui reste à faire pour que la personne soit prise en compte dans sa globalité.

Vous avez lancé, il y a un an déjà, une grande consultation citoyenne sur la psychiatrie, avant même le mouvement des « gilets jaunes ». Pourquoi ce choix ?

Parce que l’on croit beaucoup que les lignes peuvent changer quand on met autour de la table des acteurs de différents horizons, institutions… D’ailleurs, dans nos appels à projets, on souhaite toujours que les équipes travaillent de concert. Aujourd’hui, on souhaite entraîner des changements sociétaux, notamment pour les maladies psychiques. Et pour ces ateliers « Parlons psy », ça signifie entendre la voix des personnes concernées : des malades, des aidants, des professionnels, ce qui leur permet, ensemble, de parler sur un pied d’égalité et surtout de partager cette parole.

Après cinq rendez-vous, quel premier bilan dressez-vous ?

Les malades sont souvent porteurs de solutions très concrètes, simples et pragmatiques. Une demande d’humanisation est fortement pointée. Lors d’un atelier, une patiente disait : « Quand je suis dans mon délire, je ne peux pas parler, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas écouter. » Il faut davantage expliquer et prendre en compte l’usager, ce qui nécessite pas forcément des moyens supplémentaires mais une autre approche. Il ressort de ces débats une grande richesse dans les initiatives conduites sur l’ensemble du territoire, même si l’accent n’est pas mis sur les mêmes choses selon les régions.

Qu’est-ce qui vous a le plus surprise lors de la tenue de ces débats qui vont d’ailleurs encore se poursuivre quelques mois ?

Les personnes concernées ont une façon de parler de leur situation très positive. Ils ne sont pas dans la complainte ou dans la colère, mais dans le témoignage. C’est la force de ces rencontres de montrer que des choses peuvent changer, que les personnes concernées sont elles-mêmes en capacité de faire des propositions et sont en attente de réponses. C’est ce message qui doit passer auprès des pouvoirs publics.

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