EN REGARD DE L’OFFRE DE SOINS, LES DISPOSITIFS D’ADDICTOLOGIE S’ADRESSANT AUX FEMMES RESTENT ENCORE MARGINAUX et les données les concernant sont parcellaires. Pour y remédier, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies a lancé l’enquête Ad-Femina, qui interroge les structures ayant mis en œuvre des accueils spécifiques pour les femmes usagères de drogues et dont les résultats ont été publiés le 8 mars.
338 structures ont fait un retour, soit un taux de participation de 26 %. Parmi elles, 137 déclaraient avoir déjà mis en œuvre un accueil féminin, dont 80 (24 % des répondants) se disaient engagées sur ce terrain en 2017. Une démarche assez récente, puisque les deux tiers de ces dispositifs fonctionnaient depuis moins de six ans au moment de l’enquête, et la moitié depuis moins de deux ans. « Ce qui peut être mis en lien avec le caractère récent des orientations institutionnelles à l’égard du public-cible », estime l’observatoire. Car si les femmes sont minoritaires dans les services de prise en charge spécialisés – elles représentent respectivement 23 % et 18 % du public vu en centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) et en centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) –, cela tiendrait davantage à des freins spécifiques empêchant leur recours aux services d’aide qu’au reflet d’une réalité « épidémiologique ».
Selon l’observatoire, ces femmes témoignent en effet, davantage que les hommes, de nombreux facteurs de vulnérabilité sociosanitaire (antécédents suicidaires, comorbidité psychiatrique et surmortalité liée aux stupéfiants, monoparentalité, violences, etc.) et rapportent une plus grande crainte du stigmate. Face à ces situations qui peuvent être exacerbées lors de la grossesse ou quand des enfants sont impliqués, des structures ont développé des modalités d’accueil spécifiques aux besoins des femmes. Certains proposent ainsi un accompagnement à la maternité, d’autres s’attellent surtout à traiter les vulnérabilités aux plans physique, psychologique et social. « À l’arrivée, seul un tiers des 80 répondants estiment que le déploiement de l’accueil féminin se déroule dans de bonnes conditions, soulignent les auteurs de l’étude. Un quart des entités déplorent un manque de soutien institutionnel ainsi que des représentations défavorables à leur égard. Une dizaine d’entre elles pointent une insuffisance des ressources humaines et du budget. »