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Les personnes âgées veulent se faire entendre

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Dans le cadre du “grand débat” national débuté en janvier, de nombreux acteurs de terrain ont organisé des ateliers de réflexions pour donner la parole aux personnes âgées, régulièrement oubliées des médias et des politiques. Et pourtant, elles ont des choses à dire…

« LES VIEUX ONT UNE VOIX, LES VIEUX ÉLÈVENT LA VOIX. » C’est par ce slogan choc que l’association Old’up, qui a pour but, depuis sa création en 2008, de « donner du sens et de l’utilité à l’allongement de la vie », compte faire entendre la voix des personnes âgées dans le « grand débat » national initié par Emmanuel Macron au plus fort de la crise des « gilets jaunes ». « Il est important de parler haut et fort pour être entendu. Et j’espère que nos participations aux deux débats (le “grand débat” et la concertation “Grand âge et autonomie”) ne vont pas être mises à la corbeille. J’ose espérer que nos conclusions vont être reprises. Je pense en effet qu’il y a vraiment quelque chose d’important à changer », pose d’emblée Marie-Françoise Fuchs, coprésidente du comité scientifique et fondatrice de l’association Old’Up. Si dans les médias et dans la sphère politique, la parole est rarement donnée aux représentants des personnes âgées, sur le terrain, les associations tentent de faire en sorte que leurs revendications soient entendues, qu’elles ne soient pas « invisibles ».

Ainsi, dans le cadre du « grand débat », de nombreuses actions ont eu lieu. Par exemple, les organisations membres du think tank Cercle vulnérabilités et société, qui regroupe plusieurs associations de soutien aux personnes fragiles, ont organisé des ateliers au sein de leurs établissements. L’un d’eux s’est déroulé le 5 février à la Villa Lecourbe, Ehpad situé dans Paris et appartenant au groupe Maisons de famille. « Ça n’a pas été facile. Surtout si vous partez du principe que ces personnes n’ont plus rien à dire et que leurs fragilités, leurs déficiences ne leur permettent plus de s’exprimer, renseigne Eric Kariger, gériatre de profession et directeur médical de Maisons de famille. Cependant, sur les 44 résidents, 17 ont participé, plus ou moins activement, à ce débat, alors que le niveau de dépendance intellectuelle et psychique est lourd. »

Et de poursuivre : « Les résidents ont voté pour débattre autour du thème “citoyenneté et démocratie”. Ils ont travaillé dessus en préparant des questions-réponses et, pendant un peu plus de deux heures, il y a eu des échanges très intéressants sur des sujets comme le droit de vote, la représentativité des citoyens, de solidarité entre les générations, de respect des institutions. Un compte rendu de ces échanges sera fait par les coanimateurs. Et nous allons faire une synthèse de toutes les propositions, contributions faites par les personnes âgées lors des différents débats menés dans nos établissements à l’échelle nationale. » Le thème « citoyenneté et démocratie » a également été celui choisi par la quarantaine de membres de Old’up, qui s’est retrouvée, fin février, lors d’une « réunion d’initiative locale ». « L’une des conclusions est que les personnes âgées ont la volonté de se faire entendre dans le débat, assure Marie-Françoise Fuchs. Nous n’avons pas de structures permettant de le faire. C’est notamment pour cela que nous demandons la création d’un secrétariat d’Etat aux vieux. » « La population des nonagénaires, qui augmente pourtant de manière significative ces dernières années, n’a jamais été prévue en nombre par la société, estime-t-elle encore. Celle-ci n’est pas préparée. On n’arrive pas à lui trouver une fonction, sa place dans la société. »

De l’importance de la parole des plus âgés

« Ce qui fait la richesse de notre société est son hétérogénéité, notamment dans les classes d’âges, assure Eric Kariger. Un groupe de grands vulnérables nés en 1920 ne porte pas la même parole qu’un groupe de jeunes seniors nés durant le baby-boom. Chaque génération représente un témoignage. Mais ce n’est pas facile pour les plus fragiles de s’exprimer. On a commencé par se soucier de la cause des femmes, ensuite de celle des personnes handicapées, des enfants, et désormais des personnes âgées vulnérables. Il n’empêche, pas grand-chose n’est mené pour faire entendre la parole des personnes âgées. C’est pour cela que nous, au sein du Cercle vulnérabilités et société, nous profitons du “grand débat” national pour leur donner la parole. »

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