QUELQUES CHIFFRES VALENT SOUVENT MIEUX QUE DE LONGS DISCOURS. « L’aide à domicile auprès des familles permet d’éviter 20 % des cas de maltraitance, dont certaines donnent lieu au placement des enfants. Or chaque maltraitance présente un coût socio-économique de 32 000 €. » S’appuyant sur les résultats de son étude menée en octobre dernier sur les gains socio-économiques de l’aide à domicile, Adessadomicile espère convaincre Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, de la valeur ajoutée des techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF) en matière de prévention.
Dans un communiqué en date du 29 janvier, la fédération appelle de ses vœux « un changement de culture de la protection de l’enfance, où les interventions à domicile seraient de vraies alternatives au placement de l’enfant ».
La Fnaafp-CSF, qui a invité Adrien Taquet à assister à sa prochaine rencontre nationale, entend, pour sa part, remettre en lumière le rôle des TISF pour prévenir les troubles de la relation parent-bébé en périnatalité. « Pendant quinze ans, les pouvoirs publics ont laissé en jachère la prévention au niveau de l’accompagnement de la parentalité. Et, en quinze ans, on a perdu 40 % des heures d’intervention au niveau de la Caisse nationale d’allocations familiales », déplore Jean-Laurent Clochard, responsable du pôle « familles » de la fédération. Et d’ajouter : « 80 000 femmes développent, chaque année en France, une dépression du post-partum. De nombreux exemples, même en dehors du dispositif “Prado maternité”, démontrent que les actions de prévention des troubles relationnels mère-bébé menées par les TISF en lien avec les professionnels de santé tels que, par exemple, les sages-femmes ou les pédopsychiatres ont des résultats spectaculaires. » Pour la Fnaafp-CSF, le financement de la prévention permettrait de faire des économies très importantes sur les dépenses de santé des enfants et des jeunes adultes confrontés, bébés, aux troubles du lien avec leur mère. « La Grande-Bretagne a investi massivement, à hauteur de 400 millions de livres sterling, dans la pédopsychiatrie néonatale, dans laquelle s’inscrivent les services d’aide à domicile spécialisés en périnatalité, illustre Jean-Laurent Clochard. Ce choix a permis d’économiser plus de la moitié des 8 milliards de livres sterling dépensés pour les conséquences des troubles relationnels parents-bébé. »
La Fnaafp-CSF milite depuis plusieurs années pour la création d’une prestation légale « périnatalité ». Objectif : financer en sortie de maternité un accompagnement à domicile de vingt heures par une TISF. « Nous avons déposé un dossier auprès de la Cnaf pour financer des études qui permettent d’apporter la preuve de l’importance de l’investissement en prévention », précise Jean-Laurent Clochard.
« Dans la stratégie nationale d’accompagnement à la parentalité, l’aide à domicile est reconnue. Au niveau de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, l’idée première du gouvernement était de donner tous les financements à la protection maternelle et infantile et de réduire, voire de supprimer les enveloppes au niveau des CAF. C’est justement le contraire qu’il faut faire, et prioriser la prévention, l’accompagnement à la parentalité, donc la branche famille », poursuit le représentant de la Fnaapf-CSF.
Au-delà de la protection de l’enfance, la fédération Adessadomicile dispose, dans son étude médico-économique, d’autres arguments sonnants et trébuchants.
Ainsi, le bénéfice socio-économique (net des coûts pour les finances publiques) de l’ensemble des grossesses prises en charge par l’aide à domicile s’élève à 5,4 millions d’euros par an.
927 millions d’euros… Ce sont les conséquences financières de la maltraitance que l’aide à domicile a le potentiel d’éviter, selon l’étude médico-économique menée par le cabinet Citizing pour Adessadomicile-Ocirp.