LA MENACE D’UNE GRÈVE NATIONALE N’A PAS SUFFI. Un peu plus d’un an après la première grande mobilisation dans le champ des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et du domicile, les dix organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, Unsa, FA-FP, FSU, CFE-CGC, SUD et Ufas) et l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) se sont retrouvées le 21 février pour tenter de se rendre à l’Elysée. Dans un communiqué du 30 janvier, elles avaient fait savoir qu’elles pourraient à nouveau appeler à faire grève si elles n’étaient pas reçues. Mais, après quelques heures de mobilisation et de négociations, il n’y a eu ni rendez-vous avec le président de la République, ni appel à la mobilisation nationale. Alors que l’intersyndicale souhaitait remettre quelque 35 000 cartes-pétitions et 800 motions à l’entourage d’Emmanuel Macron, invité à prendre des mesures immédiates pour le secteur de l’aide aux personnes âgées sans attendre la future loi sur la dépendance, l’accès au Château leur a été refusé.
« Cette fin de non-recevoir est l’expression d’un mépris vis-à-vis des salariés qui, au quotidien, accompagnent les personnes âgées », a fait savoir l’intersyndicale. Pour autant, « face au refus de l’Elysée, l’intersyndicale et l’AD-PA ont, par respect pour les dizaines de milliers de signataires, décidé de s’y rendre à nouveau et mettront tout en œuvre pour obtenir un rendez-vous ». Mais, alors qu’elles semblaient déterminées à faire grève en cas de refus, pourquoi n’y a-t-il eu aucun appel en ce sens ? « A l’Elysée, ils nous disent qu’ils n’ont pas reçu notre courrier et c’est pour cette raison qu’ils n’ont pas pu nous recevoir. Très bien. Dont acte. Nous allons renvoyer une demande de rendez-vous. Nous aurons donc l’occasion de voir quelle est la position de l’Etat, explique Romain Gizolme, directeur de l’AD-PA. S’ils nous disent qu’il ne s’agit que de quelques formalités tenant à une réception de courrier, nous pouvons espérer, une fois celui-ci reçu, qu’ils nous recevront. On ne désespère pas de pouvoir avoir un rendez-vous. C’est pour cela qu’il n’est pas à l’ordre du jour d’appeler à la grève. »
« Si l’Etat nous répond en indiquant vouloir nous rencontrer dans les plus brefs délais, ce ne sera pas la même chose que s’il ne nous répond pas ou nous répond qu’il compte nous rencontrer dans six mois. Aujourd’hui nous sommes donc en attente de la position de l’Etat », poursuit le directeur de l’AD-PA. Car l’urgence de la situation est la même que l’an dernier. Voire pire. « Il n’y a aucune amélioration des conditions de travail des salariés. Il y a même une dégradation, assure Malika Belarbi, responsable CGT santé et action sociale. Il n’y a pas de formation, il y a de plus en plus d’arrêts maladie, de personnes déclarées inaptes au travail, il n’y a pas de revalorisation des salaires… Les salariés sont exploités. Les conditions de vie de nos aînés sont dégradées. Depuis un an rien ne s’est passé. » Et Romain Gizolme de conclure : « L’intersyndicale a prévu de se réunir à nouveau le 27 mars pour décider des suites à donner au mouvement. »
L’intersyndicale et l’AD-PA demandent principalement : l’application du principe « un salarié par résident », l’augmentation du temps passé auprès des personnes âgées à domicile, le maintien de tous les effectifs en établissements et à domicile (y compris des contrats aidés, qui doivent être intégrés et sécurisés), un financement pérenne de l’aide à domicile, la revalorisation des rémunérations et des perspectives professionnelles de carrière assortie d’un plan d’embauche et de formation à la hauteur des besoins et attentes.