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« Le monde associatif et les élus locaux sont des thermomètres »

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Délégué général de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale
Pourquoi participer au grand débat ?

L’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) s’est posé la question en décembre, en rencontrant les services du Premier ministre. Les maires étant présidents des centres communaux d’action sociale, on s’est demandé l’utilité de faire ce qu’ils font déjà, à savoir des réunions publiques ouvertes. Mais notre spécificité est d’être en lien avec les corps intermédiaires : le conseil d’administration d’un CCAS est composé pour moitié d’élus municipaux, pour moitié d’associations de différents secteurs des politiques sociales. Et beaucoup de personnes ne vont pas participer au grand débat parce qu’elles n’ont pas la possibilité physique de le faire, par peur de stigmatisation, par manque d’habitude, de confiance…

Que retrouve-t-on dans les réunions publiques ? Des élus de la majorité, des gens de l’opposition, des spécialistes des comités de quartier qui participent à toutes les réunions publiques et sont des habitués de la prise de parole. Nous avons donc voulu la donner aux « invisibles de la République ». On a commencé avec une réunion à Nice pour tester l’idée début janvier avec des associations œuvrant dans le secteur des solidarités. Elles ont toutes répondu présentes au-delà de nos espérances. Même l’ordre des infirmières libérales a distribué le questionnaire au domicile des publics soignés avant de le faire remonter au CCAS. C’est actuellement en train de se diffuser partout, et les personnes montrent un vrai engouement à s’approprier cette parole. Lors d’un débat à Vincennes portant sur le handicap, la quasi-totalité des personnes présentes étaient des bénéficiaires, pas des représentants d’associations.

Dans un exercice de démocratie directe, pourquoi des organismes comme l’Unccas s’impliquent-ils pour faire remonter les différentes revendications ?

Si on veut être au contact des problématiques de nos concitoyens et éviter les blocages de ronds-points, il faut comprendre que ces gens demandent à être heureux sur leur territoire. En termes d’organisation administrative, les grandes régions et les métropoles ne sont pas les plus appréciées. Les gens se sentent progressivement éloignés, avec les guichets ou les écoles qui ferment, les déserts médicaux…

Nous signalons depuis des années aux différents gouvernements une coupure. Les services s’éloignent, la démocratie représentative ne fonctionne pas car les gens ne se sentent pas écoutés. Plus on va vers le niveau national, moins le politique est reconnu. Le plus légitime actuellement, c’est le maire, car c’est l’échelon le plus proche des citoyens. Il y a aussi une défiance vis-à-vis de certains corps intermédiaires, comme les syndicats ou les associations, en raison du même sentiment d’éloignement.

Depuis des décennies, à chaque fois qu’il y a un problème, on discute avec l’échelon national, même pour savoir ce qu’il se passe au fin fond de la Corrèze. Avec la décentralisation, on a affaire à un technicien d’une administration centrale qui ne sait pas. C’est la même chose avec les services à domicile, où la personne interrogée ne verra son secteur que par le prisme de rapports d’activité.

Le grand débat permet de réintégrer le fait que le monde associatif et les élus locaux, en contact direct avec la population, sont des thermomètres, et pas juste là pour déployer des dispositifs décidés au niveau national.

Est-ce une manière pour les corps intermédiaires – qui ne se sentent souvent pas écoutés lors des phases de concertation avec le gouvernement – de retrouver de la légitimité ?

Un membre du gouvernement – qui n’a jamais été élu local – s’est rendu compte que les maires ruraux étaient à la pointe sur les questions de ruralité. Ce débat fait prendre conscience qu’il existe un tissu essentiel à la vie citoyenne. Où que l’on soit en France, sur tous les sujets et pour toutes les tranches de la population, il y a des associations qui irriguent le territoire.

Si on ne pérennise pas cette prise de conscience, on risque d’aller au-delà de simples blocages de ronds-points. Le mouvement des « gilets jaunes » a permis aux citoyens de faire corps malgré leurs désaccords, et de se rendre compte qu’ils pouvaient discuter ensemble sans attendre que tout vienne du niveau national. Le bien vivre ensemble, les chartes de civilité, on a essayé pendant des décennies. Il ne faut pas un programme pour les jeunes, un pour les vieux.. Mais un programme pour que les gens vivent ensemble dans la cité. Cela pourrait bien être l’enjeu des municipales de 2020.

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