Ce référentiel est une petite révolution dans le sens où cet outil permet de définir enfin au niveau national ce qu’est le socle minimal d’un accompagnement pérenne d’un jeune qui sort de la protection de l’enfance.
On avance ainsi pas à pas. Avant, il n’y avait rien, si ce n’est des contrats « jeune majeur » qui ne voulaient rien dire. A présent, ce référentiel donne aux départements les engagements à respecter : la stabilité du logement, l’accès aux soins, aux droits, à des revenus et la question de la préservation du lien comme préalable. On insiste sur le fait que l’accompagnement doit aller jusqu’au bout du projet du jeune, c’est-à-dire que s’il a un projet d’études qui s’arrête à 25 ans, il doit être accompagné jusqu’à la fin. On a également intégré « un droit à l’erreur » et c’est très important. Aujourd’hui, quand on veut changer de formation, car on se rend compte que cela ne nous correspond pas, c’est fini pour nous, on se retrouve seul. Ce « droit à l’essai » devrait permettre aux jeunes de changer d’avis sans avoir la crainte de perdre son accompagnement.
Ce référentiel est un début, il permet que tout le monde puisse se mettre en ordre de marche et de voir ce qu’il est possible de faire. Nous regrettons qu’il n’y ait pas un caractère obligatoire pour cet accompagnement. On sait que certains départements ne font plus de contrats « jeune majeur » ou seulement de trois mois renouvelables indéfiniment, avec tout ce que cela entraîne psychologiquement pour les jeunes. Cela fait très longtemps que l’on dit que tant que les départements n’auront pas cette obligation de suivre et d’accompagner, on n’y arrivera pas.
Pour nous, c’est insatisfaisant car les contrats « jeune majeur » diminuent et ce n’est pas avec un soutien de 2 000 € par an et par jeune que ces contrats vont augmenter. L’accompagnement, c’est un travailleur social qui va aider dans les démarches administratives (demande de CMU ou de bourse, par exemple), mais cela ne prend pas en compte le coût du logement et du quotidien.
On est face à des jeunes qui n’ont pas de famille : leur famille, c’est l’Etat. Comment l’Etat peut-il leur dire qu’il ne va pas s’occuper d’eux pendant leurs études, leurs errances aussi car à 18 ans, on ne sait pas toujours ce qu’on veut faire ? Il y a beaucoup de questions auxquelles on ne répond pas dont celle de savoir ce qu’on fait avec un jeune qui n’a pas de projet… Donc, même si le référentiel est très bien et la contractualisation est une bonne chose, cela ne peut pas s’arrêter là.
Concernant l’impact du référentiel et de la contractualisation avec les départements, il est difficile de se projeter tant qu’on n’aura pas évalué ce que les départements vont mettre en place. Cette évaluation est prévue mais il faut retravailler les indicateurs d’évaluation, il semble qu’Olivier Noblecourt et Adrien Taquet en sont d’accord. Par exemple, il faut préciser ce que signifie un « logement digne ».
Le référentiel constitue une première pierre qui donne le descriptif d’un accompagnement minimal. La seconde pierre serait l’adoption de la proposition de loi de Brigitte Bourguignon(1) qui rendrait obligatoire l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’ASE. L’idéal serait néanmoins que la députée retravaille son projet de loi pour y intégrer le référentiel afin de parler davantage de l’accompagnement pérenne des majeurs vulnérables plutôt que des seuls contrats « jeune majeur ».
(1) La date du 25 mars est évoquée pour son examen à l’Assemblée nationale mais elle n’est pas encore actée au niveau de l’ordre du jour officiel de la séance.