Autistes invisibles

DIAGNOSTIQU♫E AUTISTE ASPERGER À 27 ANS, Julie Dachez est aujourd’hui docteure en psychologie sociale. Après La différence invisible, une bande dessinée inspirée de son histoire, elle est allée à la rencontre d’autres autistes et en a tiré le roman-enquête Dans ta bulle ! Le diagnostic, elle l’avoue, a été une libération. Enfin elle savait pourquoi elle était différente. Ce n’était donc plus la peine qu’elle s’évertue à vouloir entrer dans un moule, elle pouvait enfin être elle-même et jeter le masque. Pas de définition clinique de l’autisme dans ce livre, trop réducteur, trop stigmatisant aussi. Et puis il n’y a pas de règle : on peut être autiste sévère pendant l’enfance et évoluer favorablement ; d’autres peuvent être atteints jeunes de troubles considérés légers et les voir s’accentuer avec l’âge ; d’autres, encore, ont besoin d’être accompagnés tout au long de leur vie. C’est pourquoi elle préfère parler d’autisme « visible » et « invisible ». En nous racontant les histoires de Gabrielle, Pauline, Fanny… l’auteure souligne que, si chaque parcours est singulier, « la maltraitance à l’école, les violences psycho­logiques, les difficultés à trouver un emploi, l’errance diagnostique, l’incompréhension de l’entourage et l’estime de soi, qui, au fil du temps, se réduit comme peau de chagrin », sont communes à tous. Elle rappelle également qu’être un enfant autiste non verbal ne signifie pas être déficient intellectuel. En revanche, impossible pour les autistes d’appréhender les codes sociaux. Impossible, par exemple, pour Gabriel de draguer, le jeune homme est trop cérébral. En revanche, son niveau de concentration est phénoménal. Les femmes autistes, elles, ont moins de problèmes de communication et de comportements répétitifs que les hommes. Mais leurs troubles s’exprimant plus discrètement, elles sont diagnostiquées et prises en charge beaucoup plus tardivement. Elles savent aussi mieux camoufler leurs difficultés et, pression sociale oblige, mieux se conformer à ce que l’on attend d’elles. Résultat : elles sont les grandes oubliées de l’autisme.