LA FRANCE VA PASSER DE 2,15 MILLIONS DE PERSONNES ÂGÉES DE PLUS DE 85 ANS À 4 MILLIONS À L’HORIZON 2040 et le nombre de personnes âgées en situation de perte d’autonomie devrait doubler d’ici à 2060, pour atteindre 2,6 millions, selon les chiffres de la Mutualité française. Dès lors, la transition démographique, et c’est déjà le cas, va nécessairement engendrer des transformations sociétales : il faut revoir la manière dont sont abordés les solidarités et l’âge. C’est dans cette optique que vient de sortir le livre « L’avenir du grand âge, comment accompagner nos aînés ? »(1), consacré à la prise en charge de la perte d’autonomie. Créé par la Mutualité française, en partenariat avec trois think tanks, la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), Terra Nova et la Fondation Jean-Jaurès, ce Lab est « un lieu de réflexion et de prospective transpartisan » dont « les diagnostics et recommandations n’engagent [toutefois] pas la Mutualité française, pas plus que l’une de ses mutuelles adhérentes ou les think tanks partenaires ».
Ce cycle de réflexion du Lab dédié à la perte d’autonomie s’est tenu de septembre à décembre 2018 et a été découpé en trois grands axes : « Perte d’autonomie : quelles solidarités ? Quelles responsabilités ? Quelles prises en charge ? » (Terra Nova), « Perte d’autonomie : la liberté de choix du lieu où l’on vit » (Fondapol) et « Prévenir le grand âge, c’est quoi ? » (Fondation Jean-Jaurès). Sur ce dernier thème, rappelant que « la question du vieillissement s’est invitée à l’agenda politique français par le truchement de grèves qui ont touché certains établissements d’hébergement pour personnes dépendantes [Ehpad] en janvier 2018 », Sébastien Podevyn, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, estime que « penser la société de la longévité va constituer l’un des enjeux majeurs des 15 prochaines années ».
S’il considère que « la mise en place d’un processus efficace et solvable de prévention du grand âge ne sera pas aisée », il indique que, selon la Fondation Jean-Jaurès, « réussir cette transition vers une prévention plus actualisée » repose sur quatre axes.
• » Définir un véritable modèle domiciliaire ». Alors que la consultation citoyenne organisée dans le cadre de la concertation « grand âge et autonomie » confirme que les Français souhaitent vivre à domicile le plus longtemps possible, « ce modèle domiciliaire » doit s’établir sur quatre piliers : « le développement d’un véritable parcours résidentiel senior », « la santé », « la mobilité » et « l’inclusion ».
• « Partir des territoires pour définir les besoins ». Selon la Fondation Jean-Jaurès, « il apparaît que les acteurs locaux seront au centre de la prévention du grand âge ». En effet, les expérimentations qu’ils mènent déjà montrent des pistes « intéressantes dans la conceptualisation de ce système de prévention. Et leur action au plus près des citoyens en fera les clefs de voûte de la mise en œuvre de celui-ci. »
• « Penser une interopérabilité réelle entre les acteurs » et « engager une bataille structurelle autour du vieillissement dans notre société ». Car en 2030, les seniors auront des attentes et des comportements bien différent.
Cependant, Sébastien Podevyn indique qu’« à ces quatre axes doit s’ajouter le traitement de sujets qui s’imposent de plus en plus dans le débat public ». Dès lors, cinq questions devront être abordées : comment définir les références sur lesquelles ce modèle domiciliaire va se construire ? Comment intégrer les nouveaux acteurs et les aspects socio-économiques ? Quel sera le financement ce nouveau modèle ? Et enfin comment prendre en compte le statut des aidants ? Autant de questions auxquelles la future loi devra donc répondre.
(1) (Influences Editions – Le recueil des Cahiers n° 3 de Place de la santé – Le Lab.