« Les aides-soignantes ainsi que les auxiliaires de vie sociale sont amenées à distribuer des médicaments dans le cadre de leur mission. En effet, cette pratique relève d’un acte de la vie quotidienne puisque ces établissements sont assimilés à un lieu de vie(1). Cette pratique s’est installée progressivement, au détriment de toute réglementation. Plus grave, elle s’effectue souvent sans la présence d’une infirmière, même si les traitements sont préalablement mis sous blisters », alerte le syndicat CGT santé et action sociale. « Depuis quelque temps, de plus en plus d’aides-soignantes et d’auxiliaires de vie sociale voient le nombre de sanctions disciplinaires se multiplier sous prétexte que des erreurs sont commises lors de la distribution des médicaments. Les témoignages des salariés sont alarmants : ils et elles sont soumis à un doublement de leur fonction, à la fois au rôle d’aide-soignante et à celui d’infirmière pour la distribution des médicaments, au mépris de la définition même de la mission initialement définie dans leur fiche de poste. Il y a donc bien un transfert de compétence qui devient insupportable pour le personnel soignant. » Généralement, en établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad), l’infirmière occupe d’autres missions en se consacrant à des actes administratifs. Dans son rapport sur la situation des Ehpad, rendu en mars 2018, le sénateur (LR) Bernard Bonne proposait de consacrer une délégation de l’infirmier à l’aide-soignant pour l’aide à la prise de médicaments, afin de libérer le temps du premier et lui permettre de s’installer dans un rôle de « manager intermédiaire ». « Au vu de l’augmentation de la charge en soins des résidents d’Ehpad, il est indispensable de prévoir des cas de délégation des soins infirmiers aux aides-soignants, sous réserve d’une qualification particulière de ces derniers. Cette délégation concernerait particulièrement “l’aide à la prise des médicaments présentés sous forme non injectable”, que l’article R. 4311-5 du code de la santé publique réserve encore exclusivement à l’infirmier, alors même que d’autres tâches qui lui sont en principe spécifiquement attribuées (“installation du patient dans une position en rapport avec sa pathologie ou son handicap”, “préparation et surveillance du repos et du sommeil”, “lever du patient et aide à la marche”…) sont dans les faits largement assumées par les aides-soignants », argumentait le sénateur.
(1) L’article L. 313-26 du code de l’action sociale et des familles définit la notion d’aide à la prise des médicaments comme une modalité d’accompagnement de la personne dans les actes de sa vie courante, lorsqu’elle ne dispose pas d’une autonomie suffisante pour prendre seule le traitement prescrit par un médecin.