POUR L’HISTORIEN FRANÇOIS CUSSET, LE MONDE N’EST PAS FORCÉMENT MOINS RUDE aujourd’hui que par le passé. Simplement, la violence a changé de visage et n’est pas seulement là où on la croit, dans une région du monde en guerre, dans un pays pauvre ou dans les banlieues déshéritées. Selon lui, elle est partout, beaucoup plus diffuse et sournoise qu’avant. Pire, la violence psychique, autrefois rare, fait désormais partie de notre quotidien sans que nous nous en offusquions. Ainsi, nous serions passés « de l’esclavage au burn-out », pour ne prendre qu’un exemple. Notre seuil de tolérance à la violence aurait également baissé. Avec un paradoxe : d’un côté, nous allons être traumatisé par un vol de téléphone portable à l’arraché dans la rue et surréagir à cet événement individuel et, de l’autre, nous allons rester indifférent à la violence collective et ne plus remarquer la présence à notre porte des demandeurs d’asile et des sans-abri. Une analyse des « nouveaux sauvages » que nous pourrions devenir ou que nous sommes déjà…
« Le déchaînement du monde, logique nouvelle de la violence » – François Cusset – Ed. La Découverte, 20 €.