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Le coup de gueule de Pascal Champvert

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Pascal Champvert est président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). L’AD-PA regroupe les directeurs de maisons de retraite et de services à domicile. Il dirige également plusieurs Ehpad dans le Val-de-Marne.

« L’échec majeur du système actuel est qu’il s’agit d’un système sécuritaire sans moyens. Cette situation ne peut plus durer. C’est pour cela que nous nous sommes associés aux mouvements de grève l’an dernier. Mais il faut que madame Agnès Buzyn [ministre des Solidarités et de la Santé, ndlr] soit convaincue que nous n’avons pas fait ces grèves pour obtenir seulement quelques mesurettes, quelques promesses et que tout reprenne comme avant. C’est clair que non. Ce mouvement de grève a déjà permis, et c’est à l’honneur du président et de la ministre de la Santé, d’arrêter un système fou, à savoir que dans un secteur sans moyens, on avait prévu de baisser encore les moyens dans certains établissements ! Autre élément positif issu de la grève : le lancement de la concertation “grand âge et autonomie”.

Nous considérons donc que, pour l’instant, les pouvoirs publics ont entendu le cri d’alerte et d’alarme qui avait été le nôtre. Mais, pour autant, ce n’est pas avec la suspension d’une mesure complètement folle, un débat, aussi intéressant et utile soit-il, et quelques promesses que le problème va être réglé. En effet, celui-ci est profond. Ce qui a été sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le rapport de l’assurance maladie [publié en novembre 2018, ndlr] qui dit qu’il est particulièrement inquiétant que dans le secteur de l’aide aux personnes âgées, autant à domicile qu’en établissement, les accidents du travail et les maladies professionnelles ne cessent d’augmenter alors qu’ils diminuent dans l’ensemble de la société, y compris dans des secteurs traditionnellement réputés très accidentogènes. C’est intolérable et ce n’est plus possible !

« Bercy nous dit qu’il faut être patient… »

De même, quand l’Etat, l’an dernier, a fini par accepter une augmentation ridicule des salaires dans le secteur de l’aide à domicile (0,40 % d’augmentation pour des personnes qui gagnent à peine le Smic), ce n’est plus possible ! Ce n’est plus possible que dans un pays comme le nôtre, on fasse accompagner les personnes âgées à domicile par des personnes qui ne gagnent pas le Smic ! Et à Bercy on nous dit qu’il faut être patient… Ça fait 30 ans que je suis dans le secteur, ça fait 30 ans que je suis patient alors même que ça fait 30 ans que rien ne bouge ou presque. Ce n’est plus possible !

J’exige de monsieur Macron qu’il applique les promesses de Nicolas Sarkozy et François Hollande.

J’exige du gouvernement qu’il applique ce qui a été promis par Jacques Chirac et Dominique de Villepin.

En effet, les exigences que nous avons ne sont que celles déjà exprimées il y a des dizaines d’années. Désormais, nous exigeons donc que l’Etat fasse ce qu’il a dit. Notre secteur n’a jamais été prioritaire. Il y a toujours eu autre chose de plus important.

Excepté en 2003 où l’on ne parlait plus que des personnes âgées. Mais dès 2004-2005, plus personne n’en parlait.

« L’état doit mettre en œuvre ce que l’état a promis »

L’Etat a fait des promesses parce qu’il connaissait la situation dans les établissements et services à domicile. Dès 2006, Philippe Bas, ministre chargé des personnes âgées de 2005 à 2007, fait dire à son Premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin, qu’il faut proposer un plan “solidarité grand âge”. L’une des mesures étant de dire que, en 2012, il faudra un ratio de 8 professionnels pour 10 personnes âgées en établissement. Aujourd’hui, les pouvoirs publics sont tout fiers de nous dire qu’ils vont passer de 0,61 à 0,62 et qu’il faut être patient.

On se fout de notre gueule ! L’Etat nous a dit qu’en 2012 on serait à 0,8. Ce n’est toujours pas le cas. Et quand nous demandons un ratio de 1 pour 1, on nous demande d’être patient. Non ! L’Etat doit mettre en œuvre ce que l’Etat a promis du point de vue des moyens. Et là-dessus nous ne lâcherons pas.

Le président Macron dit qu’il n’est pas responsable de la situation actuelle. Il n’a pas tort même s’il a quand même ajouté quelques petites provocations qui n’étaient pas forcément utiles. Il est tributaire de ce qui n’a pas été fait avant. Le sujet n’est donc pas là. Le sujet est de savoir comment, aujourd’hui, il règle la situation. C’est pour ça qu’il a été élu. Et il va bien falloir qu’il écoute ce que nous avons à dire. Parce que si ses trois prédécesseurs ont fait des promesses c’est bien qu’il y a une réalité, une situation précaire. »

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