IL SUFFISAIT D’Y PENSER, MAXIME DUVAL L’A FAIT… Travailleur social depuis plus de dix ans, partout où il est passé, le jeune homme a constaté dans le secteur médico-social l’absence d’un outil moderne de gestion des contacts professionnels. « Dans les différents établissements que j’ai fréquentés, je me suis rendu compte que nous avions tous, chacun dans notre coin, un répertoire papier à spirales pour recenser les numéros de nos partenaires et les personnes que nous étions dans l’obligation d’appeler au quotidien, déplore-t-il. J’ai aussi constaté qu’il n’y avait aucun réseau social professionnel dans le secteur du sanitaire et du social, alors même qu’il existe une pluralité d’établissements et d’acteurs. A tel point que, même lorsqu’on est un professionnel, il est très difficile d’identifier et de connaître tout le monde. » Face à un tel « archaïsme », impensable en 2019, Maxime Duval a donc décidé de créer le premier réseau social à destination des professionnels du secteur sanitaire et social : Lum1.
Il s’agit d’une plateforme qui apporte une solution simple pour la gestion de carnets d’adresses et la recherche de nouveaux partenaires. Pourquoi un tel nom ? « Parce que l’humain est la valeur commune aux acteurs de la santé et de l’action sociale, explique-t-il. Ce sont ceux qui travaillent autour de la notion du “care”, du “prendre soin”. Dès lors, cela m’a semblé évident d’appeler le réseau social ainsi. » Concrètement, Lum1 est un réseau collaboratif innovant, accessible sur le Web et mobile, offrant aux professionnels du social et de la santé la possibilité de digitaliser leur carnet d’adresses et d’élargir leur réseau de partenaires.
Maxime Duval détaille : « L’idée principale est de gagner du temps, de garder les contacts et d’encourager les relations, les collaborations. Alors que le secteur, en crise, est souvent accusé de déshumanisation à cause du manque de temps dédié aux usagers, grâce à Lum1, un professionnel peut économiser une à deux heures par semaine de veille documentaire. Ce n’est vraiment pas négligeable. Cela améliore les conditions de travail des salariés, cela leur évite de faire des démarches archaïques alors que des outils numériques existants permettent de le faire beaucoup plus facilement et rapidement. Ils auront donc plus de temps pour s’occuper correctement des personnes qu’ils accompagnent. »
Et le fondateur du réseau social d’ajouter : « Aujourd’hui, nous sommes une société d’innovation sociale qui traite d’une innovation d’usage. Notre enjeu est de faire en sorte que les professionnels utilisant du papier pour recenser leurs collaborateurs passent à un outil digitalisé susceptible d’être intégré à leur smartphone ou leur tablette. Grâce à Lum1, désormais, une base de données mutualisée à l’échelle nationale existe. Cela permet d’éclairer les professionnels, via une carte géographique, sur les informations dont ils ont besoin autour du lieu de la structure ou autour du domicile de l’usager. »
En effet, le projet intègre sur sa page d’accueil un moteur de recherche cartographique – fondé sur les bases de données Finess (Fichier national des établissements sanitaires et sociaux) et Sirene (Système informatique pour le répertoire des entreprises et des établissements, édité par l’Insee) – qui permet de géolocaliser les professionnels. « Sur la plateforme, chaque acteur prend la main sur le compte de son établissement pour mettre à jour sa description (horaires, adresse mail, URL du site Web, etc.) et certifier la véracité des profils de ses membres. Et toutes les personnes qui sont en contact avec lui disposent en temps réel d’informations toujours à jour. » Lancée à l’automne, la plateforme est, pour l’heure, toujours en phase de bêta-test, disponible en version « freemium » (gratuite et libre d’accès). Autrement dit, seules les fonctionnalités de base y sont proposées, sur simple inscription des travailleurs sociaux et de leurs responsables. Outil pensé pour les professionnels, la particularité de Lum1 est sa transversalité : dès lors qu’il exerce dans un établissement agréé ou autorisé, n’importe quel travailleur du sanitaire et du social intervenant dans n’importe quel champ d’activité (personnes âgées, personnes en situation de handicap, protection de l’enfance, paramédical…) peut s’y inscrire.
Le créateur du réseau social informe : « Aux fonctionnalités gratuites s’ajouteront prochainement un ensemble d’outils avancés qui permettront d’aller plus loin dans la collaboration. Ainsi, un établissement pourra centraliser et mutualiser les carnets d’adresses de ses collaborateurs inscrits sur Lum1, bénéficier d’une fiche de présentation détaillée et d’un mur d’actualité afin qu’il puisse communiquer sur ses actualités, telles que l’ouverture d’une unité Alzheimer, la recherche d’un partenariat, ses difficultés, ses recrutements. » Concernant les tarifs, l’offre pour les établissements de moins de 25 utilisateurs coûtera 325 € (hors taxes) par an ; de 25 à 49 utilisateurs, elle passera à 615 € ; de 50 à 99 utilisateurs, elle atteindra 999 € ; enfin, pour un libéral, le tarif sera de 49 € (hors taxes) par an.
« Trois ou quatre mois après le lancement, nous avons près de 70 utilisateurs, affirme Maxime Duval. Un tiers d’entre eux sont des directeurs d’établissement, et nous avons eu le bonheur de voir que des établissements et des équipes entières nous ont manifesté leur satisfaction de savoir que l’on proposait un outil tel que le nôtre. Notamment en psychiatrie et dans le domaine des tutelles… Tous ceux qui ont un rôle de coordination au quotidien et sont souvent amenés à téléphoner à des partenaires. Ce qui prouve qu’il existait un vrai besoin. »
LUM1, CE N’EST PAS FACEBOOK… « L’idée de départ est de créer un réseau social prenant en compte la particularité du secteur : le caractère sensible des données échangées. Ce que ne font ni Facebook, ni LinkedIn, certifie Maxime Duval. En effet, en règle générale, à un réseau social est adossée une messagerie privée. Or, dans ce secteur, les données traitées peuvent être touchées par le secret médical, le devoir de réserve ou de confidentialité… C’est pourquoi nous avons décidé de proposer un réseau social sans messagerie privée. Les membres qui se connectent entre eux partagent directement leurs numéros de téléphone, leurs mails et peuvent communiquer de manière classique, sans que des informations sensibles transitent sur la plateforme. » A noter enfin que la plateforme est subventionnée par la région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 47 700 € et accompagnée par la ville de Bordeaux, car immergée dans la pépinière « Innovation d’usage, innovation sociale ».