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ESMS et HAD : l’apprivoisement délicat

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Les secteurs de la santé, du social et médico-social peuvent-ils parler le même langage ? C’était toute la question posée lors du colloque organisé au ministère des Solidarités et de la Santé le 22 janvier sur l’hospitalisation à domicile. Excepté pour les Ehpad, avec qui le dialogue est bien entamé, les interactions avec le reste des ESMS sont encore timides.

AVEC LES DÉCRETS DU 6 SEPTEMBRE 2012, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont perdu l’apanage de l’hospitalisation à domicile (HAD), dont le champ s’est élargi à l’ensemble des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) avec hébergement. Pourtant, « cette modalité d’accompagnement s’avère encore très marginale alors qu’elle est déterminante pour éviter les ruptures de parcours que provoque l’hospitalisation », s’est indignée Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, le 22 janvier, lors du colloque « HAD et structures sociales et médico-sociales, une mobilisation de tous les acteurs au bénéfice de tous les usagers ». « En 2015, un tiers seulement des services d’hospitalisation à domicile avaient accompagné des patients handicapés dans 260 établissements, soit moins de 1 % des journées d’hospitalisation à domicile au niveau national. Depuis lors, malgré les progrès réalisés, cette activité reste encore trop limitée. »

Le maintien dans le milieu de vie

Un constat partagé par les premiers concernés, représentés par Elisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d’HAD (Fnehad). « Des chiffres montrent que lentement mais sûrement, il y a une progression de l’activité de l’HAD dans les ESMS. Les résultats sont cependant indigents puisque les prises en charge ont lieu à 95 % en Ehpad, à 3,5 % dans les structures qui accueillent des personnes handicapées, et pour 1,5 % dans les établissements sociaux. Sur les 380 000 journées d’hospitalisation réalisées en 2017, il n’y en a eu que 19 000 hors Ehpad, soit à peine plus de 250 patients pris en charge dans des établissements “handicap”, 100 dans le social. »

Pourtant, les initiatives existent, en témoigne Catherine Ayrault, responsable des soins au foyer d’accueil médicalisé Isambert. « Nous avons recours à l’HAD pour maintenir la qualité de vie des résidents tout en assurant leurs besoins en soins, et pour prévenir les troubles liés à l’isolement en milieu hospitalier. Une personne handicapée ayant des difficultés à s’exprimer va avoir du mal à manifester ses besoins, ce qui nécessite une présence constante de notre part et des échanges importants avec le milieu hospitalier. Dès le moment où elle est dans notre établissement, elle est avec des personnes qui la connaissent et ont une réactivité accrue. » Les professionnels en présence sont unanimes : pour les publics hébergés, l’hospitalisation à domicile limite les conséquences d’une hospitalisation classique (perte de repères, déstructuration des liens sociaux…) en maintenant les personnes dans leur milieu de vie habituel, en conservant leurs habitudes.

Mais « l’intervention ne se décrète pas », fait remarquer Tony-Marc Camus, directeur de l’ASSAD-HAD. « Il faut une volonté de l’organisme gestionnaire de laisser entrer le soin dans l’établissement » et pour la HAD « d’aller vers des publics différents en sortant de la zone de confort des soins classiques ». Une fois cette volonté partagée actée, il s’agit de trouver le bon mode communicationnel, « faire plusieurs réunions de travail pour organiser des présentations mutuelles, découvrir les publics pris en charge, les locaux, les règles de fonctionnement, et permettre une intervention adaptée dans l’établissement », poursuit Tony-Marc Camus. L’irruption d’un établissement de HAD dans la vie rythmée d’un ESMS soulève également de nouvelles problématiques, la fin de vie étant la plus symbolique. « Cela nécessite un accompagnement auprès du résident et de sa famille pour les préparer à ce qui va se passer, dans le cadre d’un maillage relationnel avec tous les professionnels », fait remarquer Claire Beaurain, psychologue au FAM Isambert. « Faut-il garder le corps au sein du foyer, alors que nous n’avons pas forcément d’équipements spécifiques comme en Ehpad ? Faut-il en parler pour faire le deuil ? Dans quel délai accepter une nouvelle arrivée ? »

Si toutes les réponses ne sont pas encore là, et la culture commune en cours de tricotage, les intervenants en sont convaincus, c’est en multipliant les interactions HAD/ESMS que les barrières respectives seront surmontées. On ne voit bien qu’avec le cœur…

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