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La prime de la discorde

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On en a parlé, de nos Ehpad ! A la télé, à la radio, dans les journaux, sur les réseaux sociaux… partout où il était possible de s’emparer du sujet, on l’a fait. On a filmé, photographié, témoigné, en anonymes pour beaucoup, à visages découverts pour quelques autres. On a pleuré aussi, parfois.

On a parlé d’eux, les résidents. Levés et couchés trop tôt, lavés et nourris trop vite. On a parlé d’elles, les familles. Le prix à payer, la culpabilité, le silence. On a parlé de nous, les soignants. Nos horaires décalés, notre sentiment de dévalorisation, nos maux de dos, d’épaules, de tout. On a parlé de tout ça, oui.

Et puis on a parlé du reste.

De tout le reste. De notre engagement. De notre envie de faire mieux, même si on a moins. De notre amour du métier, malgré tout. Parce qu’on fait un beau métier, parce qu’on prend soin des gens. Parce que tout ça.

On a posé des questions. Est-ce ainsi que nous voulons vieillir ? Est-ce ainsi que vous voulez que soient traités vos parents ? Est-ce ainsi que notre société s’occupe des plus vulnérables ? On a attendu des réponses.

Il y a eu une mission flash. Il y a eu la feuille de route pour la sortie de crise, le 30 mai dernier. De l’argent pour les Ehpad. Des infirmiers de nuit. Le développement de la télémédecine. Des créations de places pour les hébergements temporaires. Un nouveau référentiel d’activités pour le diplôme d’aide-soignant.

Et puis on a encore parlé de nous. Le sujet était lancé, les langues s’étaient déliées. Reportages à foison, « Ehpad-bashing » à gogo. Les grèves ont repris. Mais en douceur, les grèves. Parce que bon, on est quand même en sous-effectif, alors la grève…

Il y a eu la concertation « grand âge et autonomie ». Consultation en ligne, ouverte à tous. Auditions, commissions… Des milliers de réponses ont été apportées. 414 000 personnes et 18 000 propositions.

Et nous avons attendu, encore. Et, enfin, une réponse. Un premier pas. Une promesse.

Fébriles et impatients, nous avons découvert… une prime !

Une prime pour les aides-soignants (mais pas les autres). Qui travaillent dans les Ehpad publics (mais pas les autres). Une prime. De l’argent. Du fric. Du blé. Du flouze. Du cash. Pour nous.

Nous demandions des moyens pour les établissements, des effectifs pour prendre soin des personnes âgées, du répit pour les familles… Nous demandions des choses pour eux. Parce que l’urgence, c’est eux. Et nous avons une prime. Pour nous.

Alors je cogite. Cette prime, qu’est-ce qu’elle va changer ? Est-ce que mon Ehpad va pouvoir recruter ? Est-ce qu’on va avoir de nouvelles chaises de douche ? Non.

Est-ce que les résidents vont pouvoir aller à leur rythme et pas à celui qu’on leur impose ? Non.

Est-ce que les aidants vont souffler un peu ? Non.

Et moi, est-ce que je vais travailler moins vite ? Est-ce que j’aurai moins mal au dos ? Est-ce que je serai moins fatiguée ? Non.

Mais alors, pourquoi une prime ? Pourquoi maintenant ? Et après ?

Je vais attendre un peu. Toucher ma prime. Et puis, avec tout cet argent (car nul doute que ça va épater mon banquier, tout cet argent miraculeusement tombé du ciel !), je vais m’offrir plein de choses utiles : une ceinture lombaire, une balle antistress, un manuel de relaxation… Avec tout ça, je serai armée pour patienter… jusqu’à la prochaine proposition !

La minute de Flo

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