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« La lutte contre l’isolement fait partie de la lutte contre la pauvreté »

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Plan « pauvreté », plan pour le numérique inclusif… Pour Les Petits Frères des pauvres, les récentes décisions gouvernementales n’ont pas pris en compte les personnes âgées les plus précaires. Le point avec la déléguée générale de l’association.
Vous déplorez que les personnes âgées soient les « grandes oubliées » de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, Qu’attendiez-vous comme mesures prioritaires ?

La hausse de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) est étalée sur trois ans avec 30 € en 2018, et 35 € les deux années suivantes alors qu’une revalorisation de 100 € en une fois aurait été préférable. Le plan « pauvreté » ne comporte aucune mesure en faveur des personnes âgées. Il n’y a rien non plus sur l’isolement alors que dans le plan de 2013, le Collectif Alerte, auquel nous faisons partie, avait réussi à faire prendre en compte cette problématique. La lutte contre l’isolement fait partie intégrante de la lutte contre la pauvreté. Plus une personne âgée est isolée, plus elle risque de ne pas avoir accès à ses droits. Or, cette priorité n’a été reprise ni dans le plan « pauvreté » ni même dans l’allocution du président de la République en septembre dernier.

Votre association milite également contre l’exclusion numérique.

Le plan pour le numérique inclusif présenté en septembre par le secrétaire d’Etat Mounir Mahjoubi s’adresse plus à l’accès à l’emploi et à la lutte contre l’illectronisme. Les personnes âgées ne sont pas réellement visées et le Pass numérique donnant accès à des actions de formation ne leur est pas adapté. Pour les sensibiliser et les accompagner dans ce domaine, la porte d’entrée est celle du lien avec la famille, du lien social. Dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Caisse des dépôts pour la création de « Hubs France Connectée », hubs territoriaux pour un numérique inclusif, il nous a été dit que l’on pouvait se rapprocher de ces hubs et mettre en commun les bonnes pratiques en matière de médiation numérique pour les personnes âgées.

Quels sont les profils des publics accompagnés par votre association ?

Des personnes très âgées de plus de 80 ans, principalement des femmes isolées depuis le décès de leur conjoint, et qui ont des petites ressources, entre le minimum vieillesse et 1 000 € par mois. L’action principale de l’association est la lutte contre l’isolement grâce à nos bénévoles. Nous accompagnons également 1 000 personnes, principalement des hommes entre 50 et 65 ans, avec un parcours d’errance et des ressources ne leur permettant pas de vivre dignement. Pour ces publics, nous préconisons qu’il y ait la possibilité de débloquer l’ASPA avant l’âge de la retraite. Il faut également simplifier les démarches administratives pour faciliter l’accès aux droits. Que le versement des minima sociaux, quand une personne passe de l’un à l’autre soit automatique. Les démarches auprès de la Caisse nationale d’assurance vieillesse sont certainement les plus complexes quand les personnes passent du RSA ou de l’AAH à la retraite, ça peut durer un an, avec la perte des dossiers ou de multiples demandes d’éléments supplémentaires. Nous avons saisi à plusieurs reprises le défenseur des droits à ce sujet.

Repères

Après une carrière dans des fonctions RH et le secteur de l’exclusion, Armelle de Guibert est nommée déléguée générale des Petits Frères des pauvres en 2016, succédant ainsi à Jean-François Serres. C’est la première fois qu’une femme accède à cette fonction au sein de l’association.

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