MERCREDI 19 DÉCEMBRE, LORS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES, 152 pays sur 193 ont officiellement ratifié le pacte de Marrakech, censé renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre ». C’est l’aboutissement du processus ouvert par la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, votée à l’unanimité par la même assemblée le 19 décembre 2016.
Si ce texte est accusé de déréguler les flux migratoires et a suscité l’inquiétude dans les rangs des gilets jaunes, comme des politiques, il ne vise qu’à mettre en place un cadre de coopération « juridiquement non contraignant ». Il repose sur les « engagements convenus par les Etats membres » et ne prévoit pas de sanctions. Les Etats signataires du texte resteront donc souverains sur leur politique migratoire. Il s’agit davantage d’un « accord moral », comme le précise le gouvernement dans un communiqué, qui porte un but majeur : celui de sauver des vies lors du trajet migratoire, notamment en mer. Depuis le début de l’année, plus de 2 240 migrants sont morts ou portés disparus en tentant de gagner l’Italie ou Malte, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). 23 propositions y sont énoncées.
Il s’agit notamment de lutter en amont contre les « facteurs négatifs et les problèmes structurels » qui poussent les individus à quitter leur pays, de rendre plus accessibles les filières légales de migration, de fournir des preuves d’identité à chacun, de lutter contre les passeurs et la traite des personnes, ou encore d’assurer des services de base pour les migrants arrivés sur un territoire, les moyens de s’intégrer, reconnaître leurs qualifications. Il s’agit aussi de limiter le recours à la rétention administrative.
De leur côté, les ONG appellent les pays signataires à mettre réellement en œuvre leurs engagements et pointent les insuffisances du texte en ce qui concerne les droits des migrants ou l’accès à l’aide humanitaire. « La société civile va surveiller ce qui se passe et demandera des comptes », a souligné l’ONG Oxfam. « Il est important de saisir cette chance et de pousser pour que ça avance, sans être naïf sur le fait que les gouvernements ne respectent pas leurs obligations », explique Sarnata Reynolds, responsable d’Oxfam pour les migrations.