« APRÈS DES GRÈVES SANS PRÉCÉDENT DANS CE SECTEUR, après une mobilisation intersyndicale comme il n’y en a jamais eu dans le secteur, après des rapports officiels sur rapports officiels, après une mobilisation citoyenne dans le cadre de la concertation “grand âge et autonomie”, après plusieurs courriers envoyés au président de la République, force est de constater que le bilan est un peu amer. » Ces mots sont ceux de Romain Gizolme, directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Ils traduisent le sentiment général des organisations syndicales du secteur. Celles-ci se sont réunies le 20 décembre afin de faire un point sur la situation des établissements publics et privés et des services d’aide à domicile pour personnes âgées.
« Cette année, l’intersyndicale a envoyé trois lettres à Emmanuel Macron afin d’obtenir un rendez-vous. A chaque fois, le cabinet de l’Elysée nous a répondu par la négative au prétexte que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déjà engagé une concertation citoyenne sur le sujet et qu’une feuille de route a été annoncée le 30 mai, s’agace Luc Delrue, secrétaire fédéral FO services publics-santé. Pour notre part, nous considérons que ce sont des gouttes d’eau. Elles n’ont rien à voir avec les mesures d’urgence que nous réclamons. » « Lors du lancement, le 1er octobre, de la concertation “grand âge et autonomie”, nous nous sommes dit qu’enfin le gouvernement prenait conscience du défi sociétal qu’est le grand âge et que les actions que nous avons menées en intersyndicale avaient servi à quelque chose. Aujourd’hui, en réalité, nous sommes amers, surenchérit Karine Halgrain (Unsa Santé). Le personnel reste en grande difficulté, en grande souffrance. Les résidents en pâtissent fortement. Les problématiques de conditions de travail, les problématiques de prises en charge dignes et respectueuses de la personne âgée demeurent. »
« L’intersyndicale considère que l’heure est à la discussion avec tous les salariés du secteur des personnes âgées. C’est pourquoi, durant tout le mois de janvier, nous allons mener 1 000 réunions ou assemblées générales qui auront pour but de réaffirmer les revendications en matière de ratios de personnels (un agent pour un résident) et d’augmentation immédiate des salaires et des rémunérations, poursuit Luc Delrue. L’objectif est de centraliser celles-ci au plus tard le 31 janvier 2019. Nous les porterons ensuite à l’Elysée pour qu’enfin le président réponde à nos requêtes, seule condition permettant de modifier substantiellement la situation actuelle dans ce secteur. » « Dans le cas contraire, si nous n’avons pas de réponses tangibles de la part du chef de l’Etat, nous irons très probablement vers une nouvelle grève », menace-t-il.
« Le président s’est engagé à une loi en 2019, nous attendons donc des signes tangibles dès 2019, martèle Romain Gizoleme. Ce qui veut dire, par exemple, que cela se traduise dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale de 2020 mais aussi dans le projet de loi rectificatif de la sécurité sociale mi-2019. Ça, cela peut être des signes tangibles de la part de l’Etat. » Et Jean-Paul Zerbib (CFE-CGC) de résumer : « Le chantier est énorme. Il est clair qu’en intersyndicale, si rien ne change, si nous n’avons pas de réponses du pouvoir, nous ferons tout pour obliger les pouvoirs publics à bouger les lignes. La situation actuelle ne peut pas durer. »