QUE DEVIENNENT LES JEUNES QUI ONT ÉTÉ PLACÉS lorsqu’ils atteignent l’âge de 18 ans et qu’ils ne sont plus pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) ? La question a fait l’objet d’une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée le 13 décembre(1). Réalisée dans sept départements, celle-ci montre que le passage de la majorité est bien plus compliqué pour eux que pour les autres jeunes. Primo, il leur est difficile de s’appuyer sur leur entourage familial, souvent absent (décès, parent inconnu ou perdu de vue…) ou défaillant. Un phénomène d’autant plus marqué que les jeunes changent souvent de famille d’accueil ou d’institution durant leur parcours : à titre d’exemple, à 17 ans, un adolescent protégé sur cinq a connu au moins quatre lieux de placement différents, ce qui multiplie les risques de rupture, y compris avec des personnes relais (éducateurs, assistantes familiales…). Secundo, l’attribution du contrat jeune majeur (CJM), dont ils peuvent bénéficier après leurs 18 ans, est très variable selon les départements : tous les jeunes n’y ont pas accès, en particulier ceux qui ont gardé le contact avec au moins un des deux parents, ceux qui sont en couple, ceux placés après l’âge de 10 ans et ceux déscolarisés à 17 ans. Par ailleurs, plus de la moitié des bénéficiaires du CJM n’ont aucun diplôme à 17 ans, contre 18 % en population générale, et seuls 20 % des 18-20 ans obtiennent le baccalauréat, contre 53 % des autres jeunes. « Les orientations scolaires des jeunes protégés sont courtes et professionnalisantes, pour s’adapter à la limite de 21 ans fixée par le contrat », notent les auteurs. Le CJM donne toutefois un meilleur taux d’emploi aux jeunes adultes qui l’ont obtenu qu’à ceux qui ont quitté le système de protection de l’enfance avant 18 ans, parmi lesquels 51 % sont sans travail et sans formation un an et demi après leur sortie. Plus le CJM est long, meilleure est l’insertion professionnelle et plus il permet d’avoir un logement indépendant. A contrario, 27 % des jeunes sans contrat réussissent à être locataires (contre 40 % des jeunes majeurs ayant bénéficié d’un contrat d’un an), les autres sont hébergés et 5 % sont à la rue ou pris en charge par une association d’aide aux sans-domicile. Enfin, l’étude pointe que, « parmi les jeunes sortis du dispositif depuis un peu moins d’un an, 8 % ont déjà eu un épisode de rue ».
(1) « Etude longitudinale sur l’accès à l’autonomie des jeunes après un placement », Ined.