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Premiers tests positifs

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Testé depuis dix ans et désormais légalisé pour favoriser les expérimentations, le baluchonnage a fait l’objet d’un colloque le 12 décembre pour évaluer les expériences en cours.

DEPUIS 2008, LE SERVICE EXPÉRIMENTAL DE BALUCHONNAGE « Parenthèse à domicile » est mené par le Village des Aubépins, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) public à Maromme, en Seine-Maritime. Né au Québec, le baluchonnage est un service de répit à destination des aidants. Le professionnel « baluchonneur » s’installe plusieurs jours d’affilée à domicile pour assurer le relais auprès du proche handicapé ou dépendant. Trente familles sont soutenues à Maromme par an. Un premier rapport d’évaluation du dispositif a été présenté le 12 décembre au cours du colloque « Baluchonner dans les territoires », organisé par Baluchon France et le conseil départemental du Val-de-Marne, à Créteil. Les conclusions du rapport, mené par l’agence régionale de santé (ARS) Normandie et l’évaluateur externe Cekoïa Conseil, sont positives : « amélioration de la condition physique et morale des aidants », « méthodologie rigoureuse » pour un accompagnement « sur-mesure »…

Une continuité dans la prise en charge

Loïc Roussel, coordinateur de la plateforme et baluchonneur, explique que ce service « n’est pas une réponse à une urgence » mais un « outil qui a un impact sur le réseau de santé publique ». Au-delà du soulagement pour l’aidant, partager l’intimité de l’aidé sur plusieurs jours donne des éléments pour réévaluer le plan d’aide à domicile. Le dispositif « s’articule bien avec l’Ehpad, permettant un continuum dans la prise en charge avec le repérage des fragilités dès le domicile », ajoute Sarah Benayoun, en charge de l’évaluation chez Cekoïa.

L’adossement à l’Ehpad permet aussi la mutualisation des moyens, à l’heure où le modèle de financement du baluchonnage pose question. « Différentes aides existent permettant de financer l’intervention du service mais ces aides sont méconnues », note l’ARS. L’enveloppe de 500 € par an pour le « droit au répit », instaurée en 2015, est compliquée d’accès. A Maromme, le reste à charge pour les aidants s’élève à 80 € par jour. « Il faudrait aussi évaluer ce que ça coûte de ne rien faire : hospitalisations, surmortalité des aidants… », nuance Loïc Roussel.

« C’est une solution de répit innovante qui complète les solutions existantes et répond à des besoins non couverts. Elle mérite d’être dupliquée, surtout que le cadre législatif a évolué », avance Sarah Benayoun. L’ARS relève que si « ce mode de fonctionnement est apparu comme le plus pertinent pour répondre aux besoins des usagers […] il ne peut s’appliquer aujourd’hui en France sans déroger au droit du travail ».

Une dérogation au droit du travail

Ce dispositif contrevient en effet aux règles du temps de travail. Mais la loi du 10 août 2018 est venue lever des barrières juridiques pour autoriser des expérimentations sur trois ans. L’article 53 crée un régime de travail particulier pour les salariés des établissements et services sociaux et médico-sociaux, seuls autorisés à tester ce dispositif. Reste que ce droit dérogatoire interroge sur l’épuisement professionnel : absence d’application des règles relatives à la pause – le baluchonneur s’adapte au temps de la personne aidée –, au travail de nuit… Les expérimentations auront à « lever les craintes relatives à l’importance du volume horaire et du niveau de responsabilité des professionnels baluchonneurs, leur offrir un accompagnement sur mesure, afin de protéger leur santé […] et leur satisfaction au travail », note à ce sujet Frédérique Lucet, secrétaire générale de Baluchon France et doctorante en sociologie du travail.

D’autres dispositifs proposant du relayage à domicile existent, comme Interm’aides ou le service Bulle d’Air à Lyon. Le 12 décembre, les associations du handicap étaient très présentes pour se renseigner sur cet outil « adaptable », selon Loïc Roussel, mais qu’il s’agit de définir strictement afin de garder le contrôle sur « la conformité et la qualité : le volontariat des salariés doit être au cœur des préoccupations, ainsi que leurs temps de récupération ». L’ARS Normandie a délivré une autorisation de 15 ans au dispositif de Maromme, sous condition de la signature d’un accord d’entreprise spécifique. Pour les autres expérimentations lancées par la loi de cet été (en attente du décret d’application), 2022 sera le rendez-vous des bilans.

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