La vulnérabilité en question

CRISE ÉCONOMIQUE, SOCIALE, ENVIRONNEMENTALE, vieillissement de la population… L’homme serait-il plus fragile aujourd’hui qu’autrefois ? C’est la question à laquelle tentent de répondre plusieurs chercheurs dans cet ouvrage au titre doublement évocateur : Penser l’Humain vulnérable. En effet, il ne s’agit pas seulement de réfléchir aux différentes formes de souffrances ou de handicaps, mais bien de les panser, c’est-à-dire de les soigner et de les accompagner à travers les pratiques d’action sociale, de réinsertion, etc. Mais que recouvre exactement la notion de « vulnérabilité », apparue après celle de « pauvreté », qui a culminé dans les années 1980, puis celle d’« exclusion » dans les années 2000 ? Quels en sont les fondements ? Est-elle le lot de tous, ou simplement le résultat d’accidents de la vie auxquels chaque individu est confronté ? Les fragilités sociales sont-elles identiques aux fragilités psychologiques ou encore physiologiques ? La vulnérabilité et la précarité sont-elles les deux faces de la même médaille ? Pour y voir plus clair, les auteurs proposent un état des lieux de la recherche sur le sujet dans diverses disciplines. Premier élément de réponse : tout le monde est vulnérable, même si chacun est inégalement exposé de par sa position sociale et son histoire personnelle. Attention, donc, à ne pas réduire aveuglément la vulnérabilité des individus à leurs caractéristiques intrinsèques et à n’en faire qu’un problème strictement individuel, ce qui serait dangereux. De même, gare aux catégorisations excessives : elles sont utiles pour mettre en place un plan d’action ciblé, mais toutes les personnes âgées, toutes les femmes seules avec enfants, tous les jeunes… ne sont pas vulnérables. Certains le sont dans certaines circonstances et à certains moments seulement. C’est pourquoi, comme le soulignent les sociologues, il est préférable de parler de personnes en situation de vulnérabilité ou de processus pouvant y conduire.