Etre homosexuel ou transgenre en 2018 en France, c’est certes moins difficile qu’il y a 40 ans où l’homosexualité était encore perçue comme une maladie mentale ou répréhensible. Cependant c’est toujours compliqué. Preuve en est avec l’existence des refuges qui accompagnent des personnes chassées de chez elles parce qu’elles sont homosexuelles. L’acceptation de l’homosexualité dépend également du milieu dans lequel on vit. Il est certain qu’il est plus simple de vivre dans le Marais (quartier historiquement lié à la culture LGBT) qu’au fin fond de la campagne. J’ai des patients qui me disent que leurs parents n’ont même pas l’idée de se représenter ce qu’est l’homosexualité, ce n’est pas dans leur champ de conception du couple. Le fait d’en parler plus, notamment dans les écoles, de voir des familles homoparentales vivre normalement va certainement aider dans les années à venir à changer les perceptions et les préjugés liés à l’homosexualité.
La situation est celle-ci en France mais il ne faut pas oublier que dans d’autres pays les homosexuels sont toujours en danger de mort, c’est le cas des jeunes réfugiés, notamment de Guinée Conakry, que l’on reçoit dans nos refuges.
Les violences homophobes peuvent être clairement affichées comme elles peuvent être beaucoup plus insidieuses telles que les violences psychologiques notamment. Je reçois beaucoup de jeunes qui ont été maltraités psychologiquement et, quelquefois, physiquement dans l’enceinte des établissements scolaires. Ils souffrent souvent d’un grand isolement et d’un sentiment de honte. Quand on subit des réflexions racistes, on peut le raconter à ses parents qui vous soutiennent. Pour des actes homophobes, il est plus difficile d’en parler à ses parents, l’isolement est certainement plus fort que celui que l’on peut vivre en cas d’agression raciste, même si ce n’est pas plus acceptable. Par conséquent, le fait de pouvoir former des enseignants est important car beaucoup de professionnels n’en prennent pas la mesure.
Les violences psychologiques peuvent se retrouver également dans la sphère familiale et amicale, dans la société ou même sur son lieu de travail. Quand les parents ne soutiennent pas leur enfant et n’ont pas idée que l’homosexualité n’est pas un choix, c’est violent. Ne pas se sentir désiré mais rejeté crée un contexte très difficile pour se construire sereinement.
Sans compter que souvent, quand le jeune se rend compte qu’il peut être différent, il a besoin de temps pour s’accepter. Pour certains, il y a notamment une forme d’homophobie intériorisée qui leur fait dire qu’ils ne veulent pas être homosexuel. On évalue entre cinq et sept ans la période d’acceptation.
Non, ce n’est pas le cas, les travailleurs du secteur social ne sont pas suffisamment formés sur ces questions, ils n’ont pas forcément conscience des difficultés que peuvent vivre les personnes homosexuelles.
Au Canada, depuis plus de 20 ans, le ministère de la Santé met en place des formations gratuites de deux jours sur la question de l’homosexualité et de la bisexualité notamment pour les travailleurs sociaux, ce qui apporte des clés de compréhension. Il serait bien qu’en France, dans les cursus initiaux de niveau III, il y ait ce type de formation pour améliorer l’accueil de ce public dans les structures sociales. Il serait également important de travailler sur les sujets liés à l’homoparentalité car les professionnels sont souvent démunis face à ces situations familiales. La formation permettrait d’éviter les comportements inadaptés du fait de la méconnaissance des problématiques qui touchent ce public.